Les manifestants contre le «scandale» du pétrole et du gaz risquent de découvrir du… gaz lacrymogène à l’ex-Place de l’Obélisque aujourd’hui. Aar li nu bokk a décidé de maintenir son rassemblement en dépit de son interdiction par le préfet de Dakar.

C’est le premier test de la rue après la Présidentielle du 24 février. Opposition et société civile retrouvent la Place de la Nation (ex-Obélisque) aujourd’hui pour dénoncer les contrats pétroliers et gaziers après les révélations de la Bbc mettant en cause Aliou Sall, Petro Tim et Bp. Il s’agit notamment de la coalition Aar li nu bokk=Sunu­pétrole= composée, entre autres, du mouvement Y’en a marre, de imam Kanté, de partis et mouvements politiques qui exigent la lumière dans ce «Scandale à 10 milliards de dollars», titre de l’enquête de la chaîne britannique. Seulement, ce rassemblement est interdit par le préfet de Dakar. Cheikh Tidiane Dièye, un des membres de Aar li nu bokk, dit avoir appris cette décision de l’autorité administrative «par voie de presse». «Nous n’avons pas reçu cette notification et, par conséquent, nous avons décidé de maintenir notre manifestation. Et je précise que notre mandataire a été entendu dans la matinée d’hier par l’autorité», a-t-il dit. En voilà, en tout cas, une couche qui vient se rajouter au climat tendu entre le pouvoir et l’opposition depuis la diffusion de l’enquête de la Bbc. Et surtout au moment où le dialogue politique a repris.
Dans leur dynamique de «mobiliser toutes les forces vives de la Nation, afin de défendre les intérêts du Sénégal», une délégation les manifestants a été reçue par Abdoulaye Wade. «Le collectif citoyen Aar li nu bokk vient saisir cette opportunité de compter le Parti démocratique sénégalais dans son initiative de lutte pour la bonne gouvernance et la transparence dans le secteur des ressources naturelles du Sénégal», lit-on dans une lettre d’invitation au secrétaire général de ce parti de l’opposition. Abdourahmane Sow du Cos/M23 fait partie de cette délégation qui informe Me Wade que «notre pays est vivement secoué aujourd’hui par ce scandale causé, entre autres, par de graves informations et accusations portant sur la signature de contrats, de décrets, l’attribution de permis n’ayant pas respecté la législation constitutionnelle et réglementaire qui encadre ce secteur».
Depuis le 2 juin dernier, le pays vit au rythme d’accusations, de dénonciations, de contre-accusations. Entre-temps, la publication du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur les réseaux sociaux a mis l’Etat dans tous ses états. Le procureur de la République a déclenché une enquête aussi bien sur les contrats mis en cause que sur la circulation du rapport de l’Ige.

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