Abass Fall, vice-président de la Fepes : Il y a des enseignants qui bloquent les notes
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Nous avons appris que l’Etat doit 16 milliards aux établissements privés d’enseignement supérieur. Qu’en est-il ?
Oui c’est vrai. Il s’agit d’une ardoise de 16 milliards que l’Etat nous doit depuis quelques années. Mais en réalité c’est un cumul d’arriérés. Parce qu’auparavant, on nous donnait toujours 50%. Les autres 50% étaient renvoyés à l’année suivante. Et maintenant nous sommes à 16 milliards selon les documents que nous avons. C’est une situation extrêmement difficile pour nous (les établissements privés) qui sommes des partenaires de l’Etat. C’est la raison pour laquelle nous les avons appuyés dans le cadre des orientations des bacheliers dans le privé en toute responsabilité et en tout patriotisme.
Combien l’Etat paie par étudiant ?
C’est 400 mille francs qu’il nous paie par étudiant. L’année dernière c’était à peu près 20 mille étudiants. L’année d’avant c’était 8 mille. Chaque année il nous donnait 50%. Les 50% restants c’était après. Mais cette année malheureusement, beaucoup d’établissements n’ont même reçu les 50% pour 2017-2018. C’est ça qui a créé toutes ces difficultés.
Combien d’établissements sont concernés ?
A peu près c’est plus de 50 établissements qui sont concernés. Plus exactement 70 établissements. Il y a Iseg, Ipe, Iam, Sup déco, …Il y en a beaucoup.
Est-ce qu’il y a eu des professeurs qui ont boudé les salles de classe à défaut d’être payés ?
Oui c’est clair. C’est la raison pour laquelle nous avons alerté l’Etat. Parce que je vous dis sincèrement maintenant les enseignants ne viennent plus. Ils ont commencé à boycotter les salles de classe. Dès qu’on arrive à ce stade là ça veut dire que ça devient très compliqué. Nous parvenions à les gérer quand-même mais ils n’en peuvent plus parce qu’aussi ce sont des pères de famille. Ils font beaucoup d’efforts. Y’en a même qui ont des problèmes pour se déplacer. Ils ne font que ça. Ce sont des vacations qu’ils font. Ils viennent, ils demandent 2 heures, ils partent. Le lendemain ou à la fin du mois vous leur payez leur argent. Mais maintenant, ils ne viennent plus. L’autre chose c’est que nous logeons dans des immeubles. Nos bailleurs nous envoient des huissiers chaque jour. C’est vraiment très difficile pour nous. C’est par patriotisme que nous avons voulu aider l’Etat en acceptant les bacheliers. Nous avons accepté 400 mille francs là où la formation coûte 1 million de francs ou plus. Dans les écoles vous allez voir que pour les premières années, selon les spécialités, le coût minimal de la formation c’est 800 mille ou 700 mille. Pour les spécialités scientifiques par exemple, c’est 1million ou 1million 200. Et l’Etat nous paie 400 mille francs par étudiant tous frais compris. Nous avons cherché à aider l’Etat. C’est pourquoi nous les sensibilisons pour qu’il règle ce problème pour le bien de tous les sous-secteurs de l’enseignement supérieur.
Est-ce qu’il y a des établissements qui ont pris des mesures d’exclusion à l’endroit des étudiants de l’Etat ?
Dans certains établissements, les étudiants n’ont pas encore démarré. Et malheureusement si ça continue les gens n’auront pas le choix. Même si on n’exclut pas les étudiants, les enseignants ne viennent plus. Il y a des enseignants qui bloquent les notes. Ils disent carrément si on ne les paie pas, ils n’amènent pas les notes. Ça aussi c’est un autre problème auquel nous faisons face.
Avez-vous adressé une correspondance au ministre de tutelle ?
Oui. Nous avons adressé deux correspondances au ministère. Mais ça n’a rien donné. Nous avons les décharges de toutes les correspondances que nous avons envoyées. Rien jusqu’à présent.
D’ici là si rien n’est fait, qu’est-ce que vous envisagez de faire ?
Nous sommes une organisation. Nous allons nous réunir demain (Ndlr : mardi 30 janvier) et l’issue de cette rencontre nous allons décider de ce que nous allons faire. Mais, nous avons espoir qu’au moins nous aurons quelque chose qui nous permettra de souffler et vraiment de continuer à aider l’Etat.