L’auditorium du musée Mohamed 6 d’art moderne et contemporain, ayant abrité la cérémonie d’ouverture officielle de la première édition de la Biennale d’art contemporain de Rabat qui a pour thème «Un instant avant le monde», était ce mardi 24 septembre 2019 envahi par les passionnés d’art. C’était sous la présidence du ministre de la Culture et de la communication du Maroc, Mouhamed Laaraj, et de son homologue Jose Maria Guirao, ministre de la Culture et des sports d’Espa­gne.
«Il fallait éviter de dire avec cette biennale, voilà ce qui se passe dans la création contemporaine. Cela n’a pas de sens. C est pourquoi je tenais à ce que la profondeur historique soit là avec le contemporain», a déclaré Abdel Kader Damani, commissaire de cet événement majeur. Il a rappelé qu’un crane découvert au Maroc et qui date de 350 mille ans est dans l’exposition internationale en plus de toutes les œuvres venues de l’époque romaine.
Pour rester sur cette orientation bicéphale, M. Damani souligne que dans les 11 sites officiels, il y a le musée des Oudayas qui existe depuis 5 siècles ou le fort Rottembourg qui date du 19ème siècle qui a été restauré, qui jouent le même rôle que les lieux modernes comme la Villa des arts, la Bibliothèque nationale de Rabat ou le Théâtre Mohamed 5. Pour expliquer pourquoi il a voulu que la Biennale de Rabat soit essentiellement consacrée aux artistes femmes qui sont au nombre de 64, il avoue que c’est pour rendre hommage à sa mère et à toutes les femmes qui, au Maghreb, portent l’équilibre et les protègent contre l’horreur du monde.
Dans son discours de bienvenue, Abdelaziz El Idrissi, directeur du musée Mohamed 6, a aussi rappelé le rôle primordial que le Maroc a joué pour la marche du monde depuis la préhistoire. «La ville de Rabat a reçu la particularité historique du continent africain et l’a transmise vers le cercle méditerranéen et au-delà de la péninsule ibérique», a-t-il dit avant d’ajouter : «On retrouve toujours dans la ville de Rabat des indices africains qui ont été véhiculés par la culture marocaine depuis la préhistoire.»
Pour conclure, El Idrissi dira que la Biennale de Rabat, avec sa dimension pluridisciplinaire, va revendiquer sa place dans la cartographie des 150 biennales qui existent dans le monde. L’ouverture de cette biennale s’est déroulée aussi en présence de Jack Lang, directeur de l’Institut du monde arabe, co-organisateur de la Biennale avec la Fondation nationale des musées que dirige Mehdi Qotbi qui, pour cette occasion, jouait le rôle de maître de cérémonie.
Dans son discours, l’ancien ministre de la Culture de la France a souligné que cet événement est le rendez-vous de la beauté, de l’amitié et de l’intelligence. «C’est articulé à partir d’une idée, d’une vision et d’une conception. Un lieu où l’art règne en maître, ce n’est pas une biennale fourre-tout», dira-t-il pour conclure.
La particularité de cette Biennale de Rabat, c’est cette volonté manifeste des organisateurs d’éclater l’exposition internationale sur 11 sites. Et cela touche des institutions comme la Banque populaire de Rabat, le Crédit agricole et la Caisse de dépôt et de gestion qui ont le mérite de faire de leur rez-de-chaussée des galeries d’art. Le Crédit agricole abrite une exposition collective avec des œuvres cosignées. C’est le cas des Espagnoles Maria Maillo et Jaime Manga d’une part, et de Takk Mirea et Alexandro Muino d’autre part. La Mexicaine Tatiana Bilbao y a présenté de l’architecture en plusieurs pièces colorées.
L’Autrichienne Judith Sauper a aménagé ses installations verticales comme horizontales à la Caisse de dépôt et de gestion. Des œuvres architecturales conçues à partir des matières variées comme l’étoffe, le métal et même le plastique.
La Biennale de Rabat qui a une dimension pluridisciplinaire intègre de la peinture, de la sculpture, du dessin, de la photographie de la vidéo et de la mise en scène.
Dans la programmation, il y a aussi des cartes blanches autour de la littérature, du cinéma et des arts plastiques. Sans oublier le Street art avec son espace dédié qu’est le gigantesque et beau parc Hassan 2.