Abdou Faty sur l’allongement de l’âge de la retraite à 65 ans : «Il faut arrêter ces réformettes»
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Après le vote de la loi sur l’allongement de l’âge de la retraite accordé à certains agents comme les médecins et vétérinaires, le Sels/Authentique demande une réforme en profondeur du statut général de la Fonction publique.
L’Assemblée nationale a voté le mois dernier le projet de loi portant à 65 ans l’âge d’admission à la retraite pour les travailleurs issus de certaines professions comme les médecins, les vétérinaires et autres dont les conditions d’accès et d’exercice sont spécifiques. Cette loi, récemment promulguée par le chef de l’Etat, met un peu en rogne Abdou Faty, secrétaire général du Sels/Authentique, qui dénonce la façon dont cette réforme a été conduite. Il dit : «Nous ne sommes pas contre un allongement, mais nous pensons qu’il faut arrêter ces réformettes et réformer fondamentalement le statut général de la Fonction publique. Et aller vers la refonte et la mutualisation du Fnr (Fonds national de la retraite) et de l’Ipres au lieu de faire des réformettes qui pourraient nous installer dans une instabilité durable au niveau de la Fonction publique.» Selon Abdou Faty, cet allongement de l’âge de la retraite risque de devenir «une source de discorde entre les décideurs et les acteurs». «L’allongement de l’âge de la retraite de certains travailleurs de notre Fonction publique à 65 ans, tel qu’expliqué par le ministre du Travail, peut naturellement engendrer des conflits futurs avec les autres acteurs de son secteur», prédit le syndicaliste. Il poursuit : «Après avoir tailladé à leur guise la Constitution, déséquilibré le système de rémunération, le gouvernement touche aujourd’hui à la loi 61-33 sur le statut général de la Fonction publique. Nous rappelons à tous qu’une loi est impersonnelle et de portée générale.» Abdou Faty, qui dit avoir l’impression que l’Etat «cherche à tracer des boulevards, taillader des vêtements à certains corps parce que tenu à la gorge, que l’Etat veut sacrifier d’autres corps», parle d’une «réforme inadmissible». «Un Etat ne doit pas fonctionner comme ça», dénonce Abdou Faty qui dit «que maintenant nous les attendons par rapport au décret d’application». «Quelle alchimie ils vont nous servir pour dire voici tel corps qui n’est pas spécial parce que je rappelle que les corps spéciaux sont les magistrats, les professeurs d’université ? Les médecins ne sont pas un corps spécial. Par quelle alchimie ils vont expliquer ces prolongements», se demande le secrétaire général du Sels/Authentique.
Dans ses explications pour justifier la promulgation de cette loi, le gouvernement rappelle que «l’allongement de la retraite au-delà de la limite légale de 60 ans demeure une préoccupation constante pour les travailleurs relevant de professions dont les conditions d’accès et d’exercice sont spécifiques». Il ajoute que «l’accès tardif à certains emplois ou professions dû à la durée des études impacte considérablement la durée de carrière et par conséquent le niveau de retraite».
Selon l’exposé des motifs, «la technicité de certains emplois ou professions ainsi que leur importance économique et sociale justifient la nécessité pour les parties au contrat de travail de prolonger des services». Le document ajoute «qu’il s’avère dès lors opportun de prévoir pour ces emplois et professions la possibilité de poursuivre les relations de travail en modifiant les dispositions de l’article L.69 du Code du travail pour accorder aux parties la faculté de prolonger les liens contractuels de travail au-delà de 60 ans sans dépasser la limite de 65 ans».