Le Professeur Abdoulaye Bathily estime que le 23 juin a été une étape des luttes sénégalaises depuis Mai 68. L’ancien secrétaire général de la Ld a averti ceux qui pensent que l’engagement citoyen a reculé et qui, selon lui, «l’apprendront à leur dépens».

C’est le jour même du 7ème anniversaire du 23 juin que le Professeur Abdoulaye Bathily dédicaçait son livre Mai 68 à Dakar ou la révolte universitaire et la démocratie : Le Sénégal, 50 ans après dans les locaux des éditions l’Harmattan. Pour l’historien et l’homme politique, le 23 juin tire sa source des événements de Mai 68. «Pendant 40 ans, jusqu’aux Assises nationales, on peut dire qu’il y a une continuité des revendications de 68 à aujourd’hui. Le 23 juin fait partie de ces jalons de l’itinéraire des luttes sénégalaises. La lutte du Peuple sénégalais est un mouvement continu. Nous avons eu 68, 88, 98, 2000, la première alternance, 2011 avec le mouvement du 23 juin. Les acteurs du pôle de gauche qui a soutenu la candidature de Wade et qui a conduit à l’alternance sont sortis, pour l’essentiel, du mouvement de 68. Ils ont apporté leur contribution à l’évolution du Peuple sénégalais», explique-t-il. Et l’ancien leader de la Ligue démocratique soutient que le 23 juin 1968, les opérateurs économiques étaient montés au créneau pour réclamer l’indépendance économique du Sénégal. «Ce débat se poursuit 50 ans après. Est-ce que les Sénégalais maîtrisent leur économie ? Les individus peuvent changer, mais le mouvement populaire demeure. Tant que les revendications resteront insatisfaites, ça va prendre des formes nouvelles selon les circonstances. Mais il va continuer», insiste-t-il.
S’exprimant sur «le manque d’engagement citoyen», Bathily constate, mais alerte aussi : «En 68, les mouvements citoyens n’étaient pas aussi importants. De manière ininterrompue, il y a eu des développements qui ont monté la conscience citoyenne. On a l’impression que ça recule. Ceux qui pensent que le mouvement a reculé l’apprendront à leur dépens.» Du haut de son expérience, le Professeur dit être convaincu de la victoire du mouvement populaire non sans souligner que la jeune génération doit porter le combat.
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