Dans l’affaire Astou Sokhna, certains dénoncent des défaillances sur le système de santé. Le ministre de la Santé et de l’action sociale préfère parler de comportement individuel de non qualité qui serait à l’origine du drame, plutôt que de dysfonctionnement du système de santé. En conférence de presse hier, Abdoulaye Diouf Sarr a écarté toute idée de rendre le tablier, estimant que son équipe et lui ont beaucoup fait dans ce département.

Depuis l’éclatement de l’affaire Astou Sokhna, le système de santé est indexé. Hier face à la presse, le ministre de la Santé et de l’action sociale a réfuté les propos selon lesquels le drame à la maternité de l’hôpital de Louga serait arrivé à cause d’un dysfonctionnement du système. D’après Abdoulaye Diouf Sarr, «au moment de la prise en charge de la patiente, il n’y avait aucun dysfonctionnement systémique au niveau du point de prestation de santé». Appelant par la même occasion à ne pas jeter l’opprobre sur les agents de santé, le ministre de la Santé estime qu’il faut «éviter, dans ces cas de figure, de généraliser, de faire en sorte que l’arbre d’un comportement individuel de non qualité cache la forêt de la performance de l’engagement du comportement qualitatif de milliers de personnels de santé et de l’action sociale». Pour M. Diouf Sarr, «il faut éviter de faire l’amalgame». Insistant sur ce point, il précise : «Il n’est pas question, pour nous, de nous adresser aux sages-femmes du Sénégal, parce qu’il n’y a pas eu de non qualité à leur niveau. On s’est adressés à quelques sages-femmes qui, en un instant T, ont été non performantes ; c’est à ce niveau-là qu’il faut voir la question.» Maintenant, pour le ministre, il faut «laisser la Justice faire son travail». En ce qui concerne son département, il soutient qu’aux plans technique et administratif, ils ont fait ce que leur «commandait le rapport» qu’ils ont reçu. Et Abdoulaye Diouf Sarr de s’expliquer : «Nous ne voulons pas aborder dans le fond le cas d’espèce, parce que la procédure est pendante devant la Justice ; et loin de nous l’idée d’entrer dans des considérations qui risqueraient de gêner le dossier au niveau de la Justice. Toutes les décisions qui ont été prises ont été motivées par un rapport technique. Quand on est sérieux, on ne prend pas de décision hâtive, on ne prend pas de décision non motivée ; quand on est sérieux, on prend des décisions avec des éléments factuels. Le rapport que nous avons reçu indique de manière claire que c’est à ce niveau-là qu’il fallait décider.» S’agissant de ceux qui réclament sa démission, ils vont déchanter. Selon M. Diouf Sarr, «c’est une clause de style dans des circonstances comme ça que certaines personnes, dans des considérations assez opportunistes, demandent la tête de l’autorité suprême».

Vérification de la qualité de la formation des écoles de santé
Le ministre de la Santé estime qu’il a «énormément fait dans ce secteur». «Tout est perfectible, c’est vrai, mais les lignes ont énormément bougé et j’estime qu’à ce niveau, il est important de situer les responsabilités», a-t-il argué. Pro­fitant de cette occasion, Abdoulaye Diouf Sarr a tenu à revenir sur les efforts consentis dans ce secteur depuis 2012. «Il est important de donner et reconnaître les évolutions du système de santé. Au niveau budgétaire, en 2012, on était à 110 milliards 100 ; au moment où je vous parle, on est à 230 milliards, donc une évolution extraordinaire. Entre 2020 et 2022, 1500 agents ont été recrutés, compte non tenu des 905 agents que nous avons recrutés dans le cadre du Projet investir sur la santé de la mère et de l’enfant. En 2012, en termes de boursiers dans le cadre de la formation de spécialistes, on était à 45 boursiers. Depuis, on a non seulement augmenté le nombre de boursiers, mais aussi on prend 150 boursiers par année, en plus d’avoir augmenté le taux de la bourse. Elle est passée à 300 mille francs (…)», a-t-il détaillé. En outre, le ministre a donné des assurances concernant la transplantation. A en croire Diouf Sarr, «le Comité national du don et de la transplantation travaille sur ce dossier et il y a des hôpitaux qui ont déposé leur demande d’agrément pour passer à la transplantation».
Lors de cette rencontre avec la presse, la question de la qualité de la formation dans les écoles privées de santé a été aussi abordée. Selon le ministre de la Santé, avec le ministère de l’Enseignement supérieur et l’AnaqSup, ils vont «passer ces écoles au peigne fin et entrer dans un processus systématique de vérification de la qualité». Abdoulaye Diouf Sarr promet «d’évaluer ce qui se fait et de prendre les mesures qui s’imposent».