(Envoyée spéciale à Kaffrine) – En marge du Comité régional de développement (Crd) dans le secteur de l’éducation organisé à Kaffrine par le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, Abdoulaye Wilane sur les dossiers de ses camarades Bamba Fall, Barthélemy Dias et Khalifa Sall. Le porte-parole du Ps estime que ces affaires ne sont pas liées, mais constate qu’il y a des «coïncidences gênantes et troublantes». Le maire de Kaffrine demande à Khalifa Sall de profiter de cette occasion pour prouver son innocence dans l’affaire de la Caisse d’avance.

Comment appréciez-vous le dossier Khalifa Sall dans l’affaire de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar ?
La convocation de Khalifa Sall pour les besoins d’élucidation des questions soulevées par les enquêteurs est une bonne occasion pour les hommes politiques de se taire en commençant par Khalifa Sall lui-même. Depuis que cette affaire est soulevée, à chaque fois que Khalifa Sall ouvre la bouche, c’est pour dire des énormités, des catastrophes. Je l’ai entendu dire que tous ceux se sont succédé à la mairie de Dakar n’ont jamais laissé des documents pouvant permettre d’édifier quelqu’un sur ce qu’ils ont fait de la Caisse d’avance. Il ajoute que depuis 1920, il énumère de Blaise Diagne à … Il a raté là l’occasion de laisser Blaise Diagne dormir de son sommeil éternel, d’épargner aux parents de Blaise Diagne la convocation de ce dernier dans cette affaire-là. Idem pour Samba Guèye et autres maires qui ne sont plus vivants. Quant aux maires en vie, Khalifa Sall, en les convoquant, dit qu’il n’a aucune preuve, qu’aucun maire n’a laissé de documents pouvant renseigner sur ce qu’ils ont fait pour gérer cette affaire-là. Mais il les accuse à partir de sa propre expérience personnelle. Nous sommes dans un pays où la reddition des comptes et l’imputabilité interpelleront toujours les gouvernants et les responsables qui gèrent des deniers publics. En ce qui me concerne, puisque nous ne savons pas encore les griefs formulés contre Khalifa Sall, nous devons nous abstenir de commenter outre mesure cette affaire-là. Parce que dans tous les cas, nous devons respecter sa présomption d’innocence. C’est pourquoi j’ai dit depuis le début : «Je ne sais pas ce qu’on lui reproche. Je ne connais pas le contenu du dossier qui lui a valu la convocation. Je ne fais pas de commentaire sur ça.» J’ai simplement dit : «Au regard du long compagnonnage que nous avons avec lui, au regard des valeurs socialistes que je veux incarner, je lui manifeste ma solidarité.» C’est principiel et c’est sincère. Maintenant, c’est à M. Sall de ne pas pousser trop loin le bouchon, d’aller jusqu’à taxer les autres d’incompétents, de médiocres. Mais s’il est compétent, c’est une occasion pour lui de le prouver.

Le Parti socialiste lui a-t-il manifesté son soutien ?
Cette fois-ci, le Parti n’a pas eu le privilège de recevoir Khalifa Sall pour qu’il nous explique les tenants et les aboutissants de cette affaire et son point de vue. Sur les autres affaires, l’emprunt obligataire, etc., il était venu au Bureau politique pour nous les exposer.

Vu la nature de vos relations dernièrement…
(Il coupe). Je ne sais pas.
Mais Tanor a dit dans la presse que la reddition des comptes est un principe de bonne gouvernance…

Mais je viens de le dire. La reddition des comptes ne doit pas être une affaire qu’on doit circonscrire à Karim Wade ou aux gestionnaires de l’ancien régime. C’est valable pour Khalifa Sall, tous les maires, tous les gestionnaires de deniers publics y compris le Président Macky Sall.

Oui, mais ce qui gêne dans cette affaire, c’est le fait qu’on ait épinglé des membres de l’actuel régime et qui, jusqu’à présent, ne sont pas inquiétés ?
Je demande à ceux qui sont gênés par cette démarche de prendre leur micro ou leur stylo pour interpeller le Président, son Gouvernement et les corps de contrôle parce que les citoyens ont droit à une reddition des comptes.

Mais le Président avait dit avoir mis certains dossiers sous le coude. Alors, pourquoi avoir livré celui de Khalifa Sall en cette veille d’élection ?
Je considère que c’est une déclaration malheureuse ou malencontreuse qui n’aurait pas dû être faite. Mais c’était simplement lié au fait qu’à l’époque, il voulait montrer aux uns et aux autres qu’il ne voulait pas voir les hommes politiques défiler devant les juridictions pour des affaires liées à leur gestion.

Ce n’est pas de l’acharnement, tous ces dossiers de Barthélemy Dias, Bamba Fall et Khalifa Sall ?
Ce n’est pas de l’acharnement. Ce ne sont pas des affaires liées. Pour l’affaire du maire de Sacré-Cœur Mermoz, on voulait que ce qui c’était passé dans cette mairie ne se répète plus jamais. Maintenant, seule la justice est habilitée à le dire, et c’est une affaire qui est derrière nous.

Ce n’est pas fini, parce que Barthélemy Dias risque de perdre ses droits civiques ?
Ça, c’est au Tribunal d’en décider. Je ne commente pas une décision de justice. Pour ce qui est de Bamba Fall, si après le 5 mars, le Ps qui a attendu un mois et 10 jours, avait reçu amende honorable, peut-être qu’il n’y aurait pas de plainte. La plainte a été déposée pendant 10 mois. Les gens ont voulu faire dans un «jambaralisme» (Ndrl : courage) frelaté. L’enquête suit son cours. Il y a eu des arrestations. L’affaire ne doit pas être commentée sur la place publique. Ce n’est pas lié. Maintenant, il y a des coïncidences gênantes, troublantes. Ça, je le concède mais simplement parce qu’on est à la veille d’élections. Mais nul n’est au-dessus des lois. Je voudrais que les hommes politiques me disent parce qu’il y a des élections en vue, on ne doit poursuivre personne ou qu’on doit poursuivre les gens quel que soit le temps que le juge jugera opportun. Demain, ce qu’on fera de ce dossier vaudra une leçon pour les générations à venir. En ce qui me concerne, je ne trouve pas de lien. Khalifa Sall fait de la politique politicienne, lui et ses compagnons. Il confond vitesse et précipitation.
En politique, le seul moment qui compte c’est le moment opportun. Aujourd’hui que nous sommes dans Benno bokk yaakaar pour l’intérêt général et celui du parti, nous devons continuer ensemble jusqu’au moment où il se passera au Sénégal ce qui ne s’est jamais passé au Sénégal, l’occasion qui nous permettra de partir sur de nouvelles bases. Le temps de la politique, le temps des idées, des projets et programmes n’est pas celui des ambitions personnelles.

Il a le droit quand même d’afficher ses ambitions personnelles…
Justement, là aussi il y a mensonges et malhonnêteté. Ils ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord que le Ps soit avec Benno, que le Ps doit avoir sa liste et son candidat. Aujourd’hui, on se rend compte que ce n’est pas vrai, parce qu’ils sont en train de comploter avec Abdoulaye Wade et d’autres partis pour constituer une coalition. Comment veulent-ils nous empêcher d’être dans une coalition issue de Benno siggil senegaal, des Assises nationales et qu’ils veuillent, eux, aller faire une coalition avec des gens avec qui rien ne les liait au départ si ce ne sont des complots malhonnêtes.

Mais c’est ce qui se passe dans la coalition au pouvoir, des alliances à la limite contre-nature…
Je ne parle pas des transhumants, mais des partis politiques. Les transhumants ne m’intéressent pas et incarnent la phase la plus hideuse de la classe politique. Je me bats pour l’assainissement des mœurs politiques, la rénovation du débat politique axé sur des questions sociétales. C’est pourquoi je dis que ceux qui pensent qu’ils sont les seuls à devoir avoir l’ambition d’incarner le projet socialiste pour arriver au pouvoir se trompent parce que, moi-même, je ne m’interdis aucune ambition. Qu’est-ce qui leur dit que je ne suis pas intéressé par la direction du Parti socialiste ?