Entre janvier 2019 et mars 2020, soit 15 mois, le Sénégal a enregistré 21 cas de féminicide. Depuis, difficile de dire combien de femmes ont perdu la vie. La faute à l’absence d’un système de monitoring. La dernière étude sur la prévalence de la violence contre les femmes date de 2016 et avait été menée par le Groupe d’études et de recherches genre et sociétés (Gestes) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb). Le Gestes concluait à un taux de prévalence de la violence de 60% et indiquait que la région de Diourbel, avec 80%, arrivait de ce fait en tête du classement. Aujourd’hui que les cas de meurtre sont récurrents, il est important d’avoir la pleine mesure de la prévalence des violences et de leur typologie. «La disponibilité des données est un réel problème. Et c’est même l’occasion d’interpeller la ministre de la Femme, pour lui dire que la collecte de données sur les questions de violences basées sur le genre est une priorité», indique Maïmouna Astou Yade, qui intervenait à l’occasion d’une conférence de presse des associations de la Société civile hier. «C’est l’Etat qui a la responsabilité de mettre en place un dispositif reprenant l’ensemble des référencements pour avoir une base de données fiables», poursuit-elle. Dans la prise en charge des violences comme dans la prévention des féminicides, les autorités naviguent dans le flou en l’absence de chiffres. De même, la prise en charge des victimes de violence est tout aussi aléatoire en l’absence de centres de prise en charge.