Les avocats de la défense sont unanimes sur l’innocence de leurs clients. Ils ont plaidé leur acquittement en indiquant qu’il n’y a aucun motif de condamnation. Selon Me Baba Diop, ils sont jugés parce que c’est l’Etat qui définit les objectifs du Parquet.

Me Baba Diop, avocat de Mamadou Lamine Mballo, alias Abu Zirkifli, qui risque la prison à perpétuité, est du même avis que ses confrères. Selon lui, on est dans une globalisation de l’incrimination. Alors qu’en réalité aucune infraction ne peut être retenue à l’encontre de son client. Il explique : «Il a pris le chemin de la Mauritanie pour aller apprendre le Coran. Après quelques années en Mauritanie, on est venu le chercher pour l’amener au Nigeria. Arrivé au Nigeria, on lui a fait subir des entraînements. On ne peut pas condamner une personne qui subit, on doit condamner une personne qui agit. II a subi des entraînements jusqu’à tomber malade.» A en croire toujours Me Baba Diop, quand Lamine Mballo a rencontré à nouveau Moussa Mbaye au Nigeria, il l’a imploré de rentrer au bercail. «Et c’est ainsi qu’une fois au pays, il est parti en Guinée. Il a voulu y rester et avoir la nationalité guinéenne. On lui a expliqué que pour avoir la carte nationale guinéenne, il faut changer de nom. C’est ainsi qu’il a changé de nom et les noms de ses parents. Quelque temps après, il est revenu au Sénégal», poursuit-il. Pour lui, son client n’a commis aucune infraction. Car le fait qu’il soit parti au Nigeria est juste un voyage. Et notre législation, dit-il, ne permet pas de condamner une personne parce qu’elle appartient à un réseau de terrorisme sauf à en trouver qu’il y a une entente entre cette personne et les autres en vue de commettre des actes terroristes. «Cela n’est possible qu’en Belgique ou faire partie d’une association de terroristes est un crime. On ne peut pas établir une matérialité des faits par le seul simple fait d’être dans une association de terroristes. Lamine Mballo n’est pas allé au Nigeria de son propre chef sinon il ne serait pas revenu.  Les personnes qui ont décidé de combattre sont restées là-bas jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais, celui qui a fui n’avait pas l’intention de combattre», remarque Me Diop. Selon lui, les objectifs du Parquet sont définis par l’Etat. Lequel, dit-il, a des intérêts autres que la justice. Quant à Me Abdou Gningue, il demande à la Chambre criminelle de faire preuve de discernement en décollant le pseudo Abu Zirkifli collé à Mamadou Lamine Mballo. Estimant qu’il ne peut pas être celui dont on parle dans le dossier, la défense a plaidé l’acquittement. «Car c’est quelqu’un qui ne sait rien de ce qui s’est passé. C’est un garçon qu’on a torturé à la limite, qu’on a transporté de la Mauritanie vers le Nigeria», raconte Me Gningue.

Face à l’absence répétée de certains conseils à la barre : Le juge menace de commettre d’autres avocats

En cette période de ramadan, il n’est pas facile d’attendre son tour, car il y a de nombreux avocats commis pour défendre les intérêts des présumés terroristes. Nombre d’entre eux ne se sont pas fait prier pour rentrer chez eux alors qu’ils devaient plaider hier les dossiers de leurs clients. C’est le cas de Mes Issa Diop, avocat de Omar Yaffa, Amadou Aly Kane, conseil de Lamine Coulibaly, Babacar Kane, qui défend Ibrahima Diallo. Ils ont brillé par leur absence alors que le juge les invitait à venir plaider. Ce qui a poussé la Chambre criminelle à suspendre l’audience plus tôt que prévu. Mais cette attitude n’a pas plu à Samba Kane qui a invité le doyen des avocats, Me Mounir Bilal, à parler à ses confrères. Sinon, prévient-il, il va convoquer d’autres avocats d’office pour assurer la défense de ces accusés.
justin@lequotidien.sn