L’entrepreneur Serigne Mbacké Guèye et son gestionnaire financier, Ndiassé Diouf, ne sont plus en odeur de sainteté. Le patron accuse son employé de l’avoir arnaqué de plus d’un milliard de francs Cfa. D’après le plaignant, si le prévenu a créé des entreprises, c’est avec son propre argent. A en croire M. Guèye, c’est dans le souci de le concurrencer que M. Diouf a abusé de sa confiance. Serigne Mbacké soutient que le prévenu était de mèche avec sa femme. Il était chargé d’assurer la gestion et la comptabilité de l’entreprise avec toutes les formalités. Ayant constaté que ses chiffres d’affaires avaient baissé, Serigne Mbacké Guèye n’a pas hésité à engager un audit.
Epinglé, le gestionnaire financier n’était pas en mesure de fournir le livre comptable pour convaincre de sa bonne foi. En fait, il lui est reproché d’avoir fait un mouvement de chèques clients portant sur 406 millions 507 mille 294 francs Cfa et d’autres mouvements constatés sur le compte de la société. Il a été aussi reproché à Ndiassé Diouf, durant la période 2017, 2018, 2019, des opérations de retrait estimées à 1,3 milliard de francs Cfa.
Interpellé sur ces transactions, Ndiassé Diouf était incapable de produire les pièces justificatives. C’est avec ces sommes qu’il aurait mis en place les sociétés Africa Gapasa et Stc (Sénégal trading company) et AB consulting. Les profils générés par ces sociétés ont été versés dans des banques de la place.
Ndiassé Diouf est attrait devant la barre pour «faux et usage de faux en écritures privées et blanchiment de capitaux». Des accusations qu’il a contestées avec véhémence. A l’en croire, il n’est pas signataire de chèque dans cette société. «On m’a remis des chèques signés non remplis. Serigne Mbacké signe les chèques en blanc. Je les remplis, puis je les retire en son nom. Le chiffre d’affaires tourne autour de 300 millions de francs», a indiqué le gestionnaire financier. Ce dernier aurait contracté un prêt de 3 millions 600 mille francs Cfa au Crédit mutuel qu’il devait rembourser en 3 ans. Ensuite, ce locataire qui payait sa location à 125 mille francs par mois s’est même permis le luxe d’acheter un véhicule de marque Chevrolet qu’il prétend avoir acquis à 2 millions de francs avec les gains de ses prestations. A l’en croire, il gagne 300 mille francs le mois et n’a aucun rapport avec la femme de son employeur. D’après lui, c’est son patron qui ordonnait les dépenses. Pourtant devant le magistrat instructeur, il avait soutenu le contraire.
Toutefois, M. Diouf reconnaît l’inexistence des documents pouvant attester de sa crédibilité. Le plaignant Serigne Mbacké Guèye, qui s’activait dans l’informel, soutient que sa femme, Mariama Diouldé Diallo, lui avait un jour demandé s’il a remarqué un changement à son égard. Elle lui aurait même demandé de faire gaffe.
A propos du prévenu, M. Guèye déclare que ce dernier lui avait dit qu’avant de faire l’audit, il devait le prévenir afin qu’il puisse trouver un comptable qui certifie les livres. Il lui aurait même suggérer de changer les serrures. Il s’est rendu dans le bureau de la secrétaire et a récupéré des papiers qu’il a déchirés, accuse le plaignant.
Il ressort du dossier que le plaignant lui a remis 600 chèques en blanc. Pour sa défense, l’épouse du plaignant dira que c’est son mari qui lui a parlé du dossier en question, et qu’elle n’a jamais traité avec Ndiassé Diouf sur les affaires de son conjoint. Mais selon le témoin Alla Faye, c’est le mis en cause qui lui remettait les chèques pour leur retrait avant que l’argent ne lui soit remis.
Pour les conseils de la partie civile, le prévenu devait fournir les documents relatifs à sa gestion pour prouver son innocence. La partie civile a réclamé 2 milliards de francs de dommages et intérêts.
Après l’avoir relaxé du chef de blanchiment, le Parquet a demandé de déclarer Ndiassé Diouf coupable des autres infractions et de le condamner à 2 ans de prison ferme.
La défense, assurée par Me Abdoulaye Tall, se dit surprise de l’accusation contre le blanchiment. Estimant que l’accusation ne dispose pas de preuve, Me Tall a plaidé la relaxe de son client. La décision sera rendue le 25 mars prochain.