Après une courte trêve, les vieux démons ont resurgi entre la Sococim et ses voisins rufisquois. Des habitants de la vieille cité et d’obédiences différentes ont tenu samedi une réunion d’information à la mairie pour s’attaquer à la cimenterie. A l’origine de leur courroux la mainmise de la Sococim sur quelque 210 ha appartenant à la ville. Sur la base d’une concession courant jusqu’en 2024, la cimenterie était invitée à exploiter ledit périmètre pour la culture de jatropha. Un projet qui n’a pas eu lieu et l’usine est en train de construire une centrale solaire sur le site. «Il s’agit de 210 ha sur lesquels la mairie avait délibéré du temps du maire (feu) Ndiawar Touré. Le préfet avait approuvé la délibération pour ces terres destinées au recasement des populations en bordure de mer et à la création de deux cimetières, un pour les musulmans et un autre pour les chrétiens», a rappelé Abdourakhmane Mbaye, leader du parti Taarou Sénégal. «Nous sommes tous unis pour nous battre. Que la Sococim remette les terres qu’elle a frauduleusement accaparées en parfaite connivence avec des personnes de l’Administration», a-t-il averti, interpellant directement le président de la République. «A un moment c’est sûr que le Président que nous sommes en train d’interpeller nous entendra. On ne peut pas voter pour lui à 54% et qu’en retour il nous lèse. C’est lui le principal responsable. On n’a rien obtenu en termes de nomination donc qu’il nous laisse nos terres», a-t-il soutenu avec force. Le membre du Hcct, Mamadou Diop Thioune n’y est pas allé avec le dos de la cuillère non plus. «La Sococim est en infraction par rapport aux normes environnementales et doit être dénoncée. Ils ont fait du faux et usage de faux et faux en écriture. Elle n’a pas le droit aujourd’hui de surseoir à une concession ou à faire une reconduction directe de la concession qui arrive bientôt à terme. C’est la citoyenneté rufisquoise qui s’est levée comme un seul homme pour interpeller l’Etat sur les dérives de la Sococim qui dispose de près de 20 titres fonciers», a soutenu M. Thioune parlant au nom de la Fédération départementale des acteurs non étatiques. Pour François Goudia Guèye, président de la convention des Lébous de souche, la tentative de la cimenterie d’accaparer cet espace est facilitée par des élus et fonctionnaires de l’Etat qui travaillent plus pour leur compte que pour la Ville. «Ce qui est grave c’est qu’il est constaté que les plus riches dans ce pays se sont enrichis avec les terres de Rufisque, alors qu’ils n’ont rien fait pour la localité et ses habitants», a-t-il décrié, tout en demandant la venue de l’Inspection d’Etat pour démasquer les prédateurs du foncier. «Nous continuerons le combat jusqu’à arracher les 210 ha acquis frauduleusement par la Sococim», a-t-il ainsi promis.
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