L’ex-tête de liste nationale de Benno bokk yaakaar (Bby) aux dernières élections législatives multiplie les sorties médiatiques contre son ancien mentor. La démarche de Mimi Touré, qui se confie aux médias étrangers, vise à donner une dimension internationale à son combat politique pour barrer la route à une troisième candidature du Président Macky Sall. L’entretien qu’elle a accordé hier à Rfi, au cours duquel elle déclare son opposition au nouveau projet d’amnistie du Président Sall, est à inscrire dans ce cadre-là.Par Moussa SECK

– Chercher coûte que coûte à écorner l’image du Président Macky Sall sur la scène internationale. Tel semble être l’option prise par Aminata Mimi Touré depuis qu’elle a déclenché la guerre ouverte contre le patron de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby). Puisque les médias étrangers vont constituer un atout dans sa stratégie consistant à discréditer le Président Sall, l’ex-Pm ne fait pas dans la demi-mesure. C’est dans ce cadre-là qu’il faut lire sa sortie hier sur Radio France internationale (Rfi).

Celle qui, dans une autre vie était ministre du Président Macky Sall, préfère, dans cette nouvelle existence politique qu’elle embrasse, demeurer dans le principe de la Patrie avant la famille. Avant le parti. Trahison ? S’il y en a, elle est à chercher du côté de ceux-là qui fonctionnent selon l’inverse du principe précédemment cité, et qu’elle a défendu hier face à la correspondante de Rfi au Sénégal, Charlotte Idrac.

Constante, encore, sur ce principe-ci : «C’est clair que comme présidente de l’Assemblée nationale, une telle loi ne répondrait pas à mes critères éthiques !»  La loi, qui pourrait permettre d’amnistier Karim Wade, ne saurait prospérer dans une Assemblée qui a pour présidente la même personne qui, au moment de la traque de Wade-fils, était ministre de la Justice. Ainsi, «maintenant, on peut comprendre mieux en fait ce qui s’est passé à la lumière des projets d’amnistie de monsieur Karim Wade». Dans la logique de Aminata Touré et à la lecture de ce qui se joue, cette dernière n’avait pas le boulevard de la présidence de l’Hémicycle grandement ouvert. Il y avait une grosse boule qui roulait à contre-sens de son ascension vers le Perchoir. Cette boule qui dévale du Qatar lointain, et qui a chamboulé le destin de Mimi. Mimi qui, pourtant, avait un accord avec Macky. Du moins, selon ses dires.

Dans le futur, ces deux-là s’en expliqueront : Mimi-Macky, en tête-à-tête, quand M. Sall ne sera plus Président, fait remarquer l’ex-présidente du Cese. Macky qui, selon Mimi, doit partir. Lui, président en exercice de l’Union africaine (Ua), doit donner le bon exemple en se disqualifiant clairement, au sens de Mme Touré. Lui, Macky Sall, dont les réalisations ne sont pas pour autant occultées par son ex-directrice de campagne, qui dit ne jamais se renier sur le fait qu’elle ait défendu haut et fort le travail abattu par l’apériste en chef.

Patrie et liberté, d’une part, intransigeance concernant Wade-fils d’autre part, et plus encore ! «Tout semble l’indiquer», l’idée du troisième mandat. Mais, «ce n’est juste pas possible», car «nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. C’est très clair dans la Constitution». Ici aussi, madame Aminata Touré se veut constante et intransigeante. Elle est ouvertement opposée à un troisième mandat pour l’actuel président de la République. La désormais députée du peuple, ancrée dans sa position principielle par rapport au cas Karim. Cette posture a la particularité de l’isoler. Puisqu’elle s’aliène un éventuel soutien des Libéraux et de leurs alliés au sein de Wallu, quand sonnera pour elle l’heure de crier à l’injustice et de s’indigner face aux persécutions dont elle pourrait être l’objet de la part du pouvoir. Ces Libéraux ayant toujours au travers de la gorge, la forte implication de l’ex-Garde des sceaux dans la traque des biens supposés mal acquis qui ont valu une «injuste» condamnation à leur champion.

Résolument anti-clanique, Mimi a, en outre, le chemin du Palais au cœur. De toutes les façons, «ce sont les Sénégalais qui décident, personne d’autre. Il faut aller juste avec un bon programme».

Bonne gouvernance, respect des institutions, les femmes, les jeunes, alliance entre ces deux forces vives («pourquoi pas?»). Ce sont ses expressions. Aminata Touré est déjà dans le mood. Elle se voit Présidente, au moment de faire son foulard. Effet Président ! Et on ne serait sûrement pas dans l’erreur, disant que jamais au plus grand jamais, les forces dormantes ou encore timides, qui attendent que la boule arrive à bon port, ne la prendront comme alliée. Jamais ? Mais qui sait ! «Jamais» a-t-il un sens en politique, si l’on sait que des «jamais» fermes sont devenus des «maintenant, vu les circonstances»…