Le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement invite à innover et à changer de paradigme dans la gestion des ressources minérales. Cheikh Tidiane Dièye a fait cet appel à l’ouverture des Concertations nationales sur l’eau et l’assainissement en cours depuis hier à Kaolack. Par Khady SONKO –

Le Sénégal regorge de potentialités en eau en grande quantité. Cependant, le pays fait face à des contraintes de qualité de certaines ressources en eau souterraines. Pour corriger cette situation, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement tient, depuis hier à Kaolack, des Concertations nationales sur l’eau et l’assainissement (Cnea). «Nous devons ainsi innover et changer de paradigme dans nos stratégies de mobilisation. D’où la grande initiative des Autoroutes de l’eau pour arroser tout le pays avec une eau en qualité et en quantité suffisante afin de promouvoir le nexus Eau-énergie-environ­nement-alimentation-écosystèmes comme socle pour promouvoir un développement durable», a déclaré le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement à l’ouverture des Cnea.

Au Sénégal, rappelle Cheikh Tidiane Dièye, les transferts d’eau portent sur le Grand transfert d’eau du Lac de Guiers vers le triangle Dakar-Mbour-Thiès incluant la ville de Touba, le transfert d’eau du Lac de Guiers vers le Ferlo. S’y ajoutent les transferts interbassins avec trois branches allant du fleuve Gambie (barrage de Sambangalou), de la Kou­lountou et de Bakel vers le bassin arachidier jusqu’à Thiès, les transferts d’eaux souterraines de l’axe Malem Hoddar-Sadio, pour ne citer que ceux-là.

Les projets de valorisation concernent les aménagements des bassins du Nanija Bolong, du Baobolong, de Djikoye, des trois marigots, des mares de Bakel, entre autres.

«Ces grands projets nous permettront à terme de faire face aux réels problèmes de qualité physico-chimique dans certaines zones du pays, notamment le bassin arachidier, la zone du Sud-Est, où la présence de concentrations de fluorure, de chlorure, de salinité ou encore de fer au-delà des normes de l’Oms, sans compter la pollution par des pesticides et métaux lourds dans certaines eaux de surface comme le Lac de Guiers ou la Falémé», a indiqué le ministre.

D’après lui, l’assainissement au Sénégal souffre d’un manque de ressources financières suffisantes pour assurer des investissements massifs et durables, l’exploitation et l’entretien corrects des infrastructures de collecte et de traitement des eaux usées domestiques et excrétas, et des eaux pluviales. «Cette situation structurelle rend impérative la mise en place d’un nouveau modèle économique et technique pour la gestion du service public de l’assainissement», fait-il savoir.

Concernant la lutte contre les inondations, en sus de la poursuite des investissements sur les infrastructures, l’accent sera mis sur la connaissance du risque et la nouvelle dynamique sera davantage anticipative et les efforts mutualisés, avec une grande place accordée à l’homme, conformément à l’appel des plus hautes autorités à l’investissement citoyen.

Défis à relever
En matière de gestion intégrée des ressources en eau, se pose l’impérieuse obligation de définir un nouveau cadre légal, institutionnel et organisationnel plus conforme aux grands défis qui se dressent devant le nouveau gouvernement pour l’atteinte des Objectifs de développement durable, mais aussi des objectifs du nouvel agenda national. «Nous avons réussi à bâtir un nouveau référentiel en termes de planification des ressources en eau. Il faudra maintenant le rendre opérationnel, mais surtout le mettre en harmonie et en soutien à la démarche territoriale adoptée dans le cadre de la nouvelle vison de développement articulée autour des pôles», a indiqué M. Dièye.

Au-delà d’investir dans des infrastructures résilientes, s’imposent d’importantes innovations dans les technologies, dans le financement, dans la recherche et la formation, dans la régulation où une grande avancée vient d’être enregistrée avec l’aménagement du cadre institutionnel pour la mise en place d’une Haute autorité de régulation du secteur de l’eau (Harse).
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