La politique de prévention des accidents, mise en place au Port autonome de Dakar (Pad), semble porter ses fruits. Non seulement le nombre d’accidents de travail a baissé, mais également, aucun cas de perte en vie humaine n’a été registré en 2023.
«L’année dernière, nous n’avons enregistré que 15 accidents de travail. Ce sont des accidents sans mort d’homme. Nous avons remarqué que les dix accidents se sont passés au premier semestre. On a mis en place une politique de prévention qui fait qu’au deuxième semestre, on n’a eu que 5 accidents», a fait savoir hier, Dr Georges Diouf, médecin du travail, lors d’une matinée d’échange sur «La sécurité et santé au travail dans les secteurs d’activités à fort potentiel de risques», organisée par le Conseil national du patronat (Cnp), dans le cadre du mois africain de la prévention 2024.
Concernant les maladies professionnelles au Sénégal, Dr Diouf indique qu’il y a une sous-déclaration.
D’après les statistiques de 2021, il n’a été retenu que 7 maladies professionnelles sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, souligne le médecin du travail, qui a axé sa présentation sur les risques mécaniques, il y a un risque de maladies biologiques au niveau du Port où les travailleurs sont exposés a divers produits et phénomènes.
En 2021, il y a eu 1320 accidents de travail et des maladies professionnelles au niveau national dont 1313 accidents de travail, soit 99, 47%, et 7 maladies professionnelles, soit 0, 55%. Pour cette année, rien que pour la région de Dakar, il y avait 728 accidents de travail, soit 55, 15% ; à Richard Roll, 200 accidents de travail y ont été recensés, soit 15, 18% ; à Thiès, 186 accidents de travail, soit 11, 81%.
Selon l’Oit, 2, 78 millions de décès d’origine professionnelle sont notés chaque année à travers le monde.
Pour chaque accident mortel, dit-il, on peut compter 500 à 2000 lésions corporelles associées, selon le type de métier. Pour chaque maladie professionnelle entraînant la mort, on peut compter 100 autres maladies qui entraînent un arrêt de travail. Et parmi les 2, 78 millions de décès par accident de travail et maladies professionnelles, 2, 4 millions de décès sont liés aux maladies professionnelles.
Et cela n’est pas sans conséquences. D’après le spécialiste, il y a des conséquences immatérielles, des pertes en vie humaine, des dislocations familiales, la solitude et la souffrance. Concernant les conséquences matérielles, il s’agit des pertes économiques, des dépenses de santé, les indemnisations entraînant une perte de 39% du Pib mondial, soit plus que l’aide au développement.
Pour mieux combattre les accidents de travail et les maladies professionnelles au Sénégal, Dr Diouf préconise la voie de la sensibilisation. D’ailleurs, des efforts sont déjà consentis dans ce sens. «Nous avons un comité de sécurité en matière de santé. Il y a aussi des rencontres pendant lesquelles on rappelle aux travailleurs les conduites à tenir pendant l’exécution de la tâche. Au-delà, il y a des formations qui se font avec les travailleurs», dit-il. A son avis, «la chose la plus importante pour prévenir les accidents de travail et les maladies professionnelles, c’est la formation du personnel».
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn