Les discussions entre les Présidents Macky Sall et Mohamed Ould Abdel Aziz ont permis de désamorcer les tensions nées de la mort du pêcheur sénégalais, abattu par des garde-côtes mauritaniens. Après 48h de discussions, de nouveaux accords de pêche devraient voir le jour d’ici avril.

C’est au lendemain de la mort du pêcheur Fallou Sall que le Président Macky Sall s’était rendu en Mauritanie pour une visite d’amitié et de travail. Après deux jours de discussions, les deux pays sont arrivés à se mettre d’accord sur la question des accords de pêche. Ainsi, la déclaration finale conjointe qui a sanctionné la visite informe que les deux Présidents «ont donné des instructions aux ministres en charge de la Pêche et de l’économie maritime à l’effet de prendre toutes les mesures nécessaires au renforcement de la coopération dans ce domaine, en vue de la signature d’un protocole d’accord entre les deux pays d’ici fin mars 2018». Outre la signature des accords de pêche attendus depuis 2016, les deux pays ont aussi évoqué la possibilité d’organiser des patrouilles mixtes à terre comme en mer pour maintenir la paix sur la frontière entre les deux pays. Regrettant l’incident qui a eu lieu il y a quelques jours et qui s’est soldé par la mort d’un pêcheur suivie du saccage de boutiques appartenant à des ressortissants mauritaniens à Saint-Louis, les deux Présidents ont appelé «au respect des lois et règlements régissant l’accès aux ressources halieutiques, gage d’une exploitation rationnelle et d’une préservation durable dans l’intérêt suprême des deux pays». La signature d’un accord de pêche entre le Sénégal et la Mauritanie mettrait ainsi fin à un long cycle de négociations infructueuses, après que la Mauritanie a adopté un nouveau Code de la pêche plus contraignant pour les pêcheurs étrangers. Ces dernières années, le nombre de licences de pêche accordées par la Mauritanie aux pêcheurs sénégalais avait atteint 400. Mais à partir de 2016, le non-renouvellement des accords de pêche entre les deux pays s’était traduit sur le terrain par des arraisonnements de pirogues, mais aussi des incidents meurtriers avec à la clé la mort de plusieurs pêcheurs saint-louisiens.

Exploitation du gaz
Les deux Présidents ont également abordé la question des gisements d’hydrocarbures qu’ils se partagent. Cette entente est sanctionnée par la signature d’un Accord de coopération intergouvernementale (Aci) portant sur l’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyin (Gta) se trouvant à cheval des frontières maritimes entre les deux pays. Cet accord marque une volonté des deux pays «d’intensifier la coopération dans ce secteur», renseigne la déclaration. Il faut dire que ces champs gaziers découverts en 2016 font partie des plus importants en Afrique de l’Ouest, avec des réserves estimées à 450 milliards de m3. Durant cette visite de 48h, le Président sénégalais était accompagné d’une forte délégation comprenant, entre autres, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, le ministre du Pétrole et des énergies, le ministre de l’Elevage et des productions animales.

Réglementation de la transhumance
Les mouvements des troupeaux mauritaniens transhumants vers les régions sud du Sénégal seront désormais mieux organisés. La visite du Président Macky Sall en Mauritanie a posé les prémices d’un règlement de cette question. Et pour assurer le suivi de ces accords, les deux Présidents ont donné des instructions à leurs gouvernements respectifs pour le suivi de la mise en œuvre des accords. Ils ont «demandé à leurs ministres en charge de l’Elevage de réunir courant mars-avril 2018, au Sénégal, le Comité paritaire pour le suivi de la mise en œuvre du protocole réglementant la transhumance entre les deux pays», indique la déclaration conjointe.
mamewoury@lequotidien.sn