La ministre des Pêches et des infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf, a battu en brèche les allégations de l’ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani, ayant annoncé la décision de l’Ue de ne pas renouveler leur accord de pêche avec le Sénégal.Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant) –

Il était attendu 10 milliards de francs de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable (Appd) ayant lié le Sénégal et l’Union européenne pour la période 2019-2024. Au finish, le pays a juste reçu quelque 6.5 milliards de francs de l’autre partie contractante. Fatou Diouf, ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, en a fait l’annonce hier, lors d’un point de presse pour faire le bilan de cet accord et décliner les nouvelles orientations stratégiques, nouvelles perspectives pour le secteur. «Au terme de cet accord, le Sénégal a reçu un montant global de 9 millions 946 mille 176 euros, soit 6 milliards 524 millions 26 mille 770 francs Cfa», a-t-elle fait savoir, rappelant que le protocole prévoyait une contrepartie financière de 10 milliards francs (15 millions d’euros), soit en moyenne 2 milliards par an ainsi répartis : 524 millions 765 mille 600 francs comme compensation financière pour l’accès dans les eaux sous  juridiction sénégalaise, 690 millions 361 mille 300 francs pour appui à la mise en œuvre de la politique sectorielle de la pêche du Sénégal et 1 milliard 350 millions 750 mille francs versé au titre des redevances à la condition que le nombre maximal de navires autorisés à pêcher soit atteint. «Pour l’appui institutionnel, le montant prévu était de 2 milliards 951 millions 806 mille 500 francs, seuls 2 milliards 361 millions 445 mille 200 francs Cfa sont versés ; il reste un reliquat de 590 millions 361 mille 300 francs. Pour les redevances, le montant prévu était de 4 milliards 430 millions 169 mille 588 francs, un total d’1 milliard 538 millions 990 mille 570 francs est versé sur un montant d’1 milliard 649 millions obtenu par rapport à l’effort de pêche effectif ; le reliquat est de 112 millions», a-t-elle illustré, convoquant en cela les résultats au 1er novembre pour les différentes rubriques. «Pour la seule année 2023, la rente brute retenue par les armateurs européens est évaluée à 2 milliards 629 millions 915 mille 508 francs, comparée à la somme d’1 milliard 392 millions 905 mille 667 francs effectivement versée par la partie européenne ; donc une différence d’1 milliard 239 millions 041 mille 885 francs», a-t-elle relevé dans la dynamique.

Cela dit, la ministre a battu en brèche les «allégations non fondées» de l’Ue ayant annoncé sa volonté de ne pas renouveler l’Appd. Elle a fait savoir qu’à travers une lettre du 11 novembre (bien avant le point de presse de l’Ue), le Sénégal avait saisi l’Ue «aux fins d’informer d’avance» les propriétaires de navires titulaires, d’autorisation d’un arrêt de «toutes activités de pêche dans la zone économique exclusive du Sénégal» à partir du 17 novembre. «Mon département se permet d’émettre quelques réserves sur la sortie de la délégation de l’Ue, tant dans la forme que dans le fond», a-t-elle insisté, citant le non-respect par l’ambassadeur de l’Ue, du partage du projet de texte avant le point de presse de la délégation de l’Ue. «Le carton jaune que l’Ue justifie par des défaillances dans le système de certification et de pratiques de pêche illicite concernerait des faits qui datent entre 2016 et 2020», a-t-elle relevé comme 2ème grief. «Nous avons noté aussi une démarche communicationnelle de l’Ue plus destinée à l’opinion qu’à l’Etat du Sénégal (…) Dans le cadre d’un partenariat juste et bien entretenu par chaque partie, la primeur des informations doit être réservée exclusivement aux canaux d’échanges entre les différentes parties prenantes», a relevé Mme Diouf comme 3ème impair constaté à l’occasion de la rencontre de la délégation de l’Ue avec la presse. Tout compte fait, la reconduction de l’Appd est, d’après la ministre, une note positive pour le pays qui veut faire de la pêche et de l’aquaculture un levier de croissance économique. Elle a, dans cette perspective, annoncé une nouvelle Lettre de politique sectorielle 2024-2029, tout en faisant savoir que la signature d’accord en défaveur du pays n’aura plus droit de chapitre.
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