Pour la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale, l’Union européenne pouvait pêcher le thon sans verser aucune compensation financière au Sénégal car, dit-elle, le thon est un poisson migrateur.

10 mille tonnes de thon pour plus de 5 milliards en 5 ans : le protocole d’Accord de partenariat de pêche durable (Appd) entre l’Union européenne et le Sénégal ne scandalise pas la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (Caopa). L’organisation dirigée par Gaoussou Guèye regrette les nombreuses informations pa­rues dans la presse et criant au scandale. «Les thonidés sont des espèces de poissons grands migrateurs qui voyagent dans tout l’Atlantique, en haute mer, mais aussi passant par les zones économiques exclusives des pays africains riverains de l’Atlan­tique, dont le Sénégal. Ces thonidés sont gérés par la Com­mission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta, ou Iccat en anglais)», précise la Caopa dans une note parvenue au journal Le Quotidien.
En effet, une des missions de l’Iccat est de fixer des limites de capture pour une série de thonidés (l’espadon, le thon obèse, etc.), et de partager ensuite ces ressources thonières entre ses membres qui ont un intérêt pour ces pêcheries par des quotas. L’Iccat fait aussi des recommandations de gestion durable pour d’autres espèces (total de captures admissibles pour l’albacore, etc.) sans délivrer de quotas. Pour toutes les espèces, les pays membres désirant développer leur pêcherie doivent soumettre un plan de développement durable au niveau de l’Iccat. «Les thons qui passent à un moment de l’année dans les eaux du Sénégal n’appartiennent pas au Sénégal. Pour ceux qui sont sous quotas, ils ‘’appartiennent’’ aux pays qui ont reçu les quotas de l’Iccat. Pour les autres, ils appartiennent à ceux qui les pêchent. Comme les thons n’appartiennent pas au Sénégal, l’Ue, dans le cadre de l’Appd, demande et paie simplement au Sénégal un droit d’entrée dans ses eaux», expliquent Gaoussou Guèye et ses camarades.
Par conséquent, déduit la Caopa, l’Ue ne paie pas pour pêcher le poisson sénégalais, comme elle le fait par exemple en Mauritanie ou en Guinée Bissau. «C’est aussi pour cette raison que la compensation pour un accord thonier est plus faible que pour un accord ‘’mixte’’, où les bateaux européens viennent pêcher des ressources qui appartiennent au pays côtier», conclut la Caopa. Selon ces pêcheurs artisanaux africains, issus de 26 pays, même «s’il n’y avait pas d’accord avec le Sénégal, les bateaux européens continueraient à pêcher ce thon en dehors des eaux sénégalaises, lorsqu’il se trouve en haute mer ou dans les Zee des pays voisins avec qui l’Ue a un accord, et le Sénégal n’en retirerait aucune compensation financière».