Le Sénégal a produit 1 million 400 mille tonnes d’arachide lors de la dernière campagne. Para­doxa­lement, ils ne sont pas nombreux, les Sénégalais qui peuvent consommer de l’huile d’arachide raffinée. Après concertation avec les huiliers et les importateurs, le ministre du Commerce Alioune Sarr a annoncé hier le lancement d’un schéma qui permettrait aux huiliers de mettre sur le marché 100 mille tonnes d’huile d’arachide raffinée.

Une lueur d’espoir pointe pour les paysans toujours confrontés à de grosses difficultés pour commercialiser leur arachide. Après concertation avec les industriels et les commerçants, le ministre du Commerce a annoncé hier la mise en place d’une plateforme pour la commercialisation des huiles brutes et raffinées d’arachide. «Il a été signé le 13 mars 2018 un protocole d’accord relatif à la commercialisation des huiles brutes et raffinées d’arachide. Dans ce protocole multipartite, les différentes parties ont pris des engagements à l’effet de créer les conditions d’une bonne commercialisation des huiles brutes et raffinées d’arachide, afin d’accélérer le rythme de collecte des graines d’arachide qui seraient encore disponibles auprès des paysans», a souligné le ministre du Commerce, de la consommation, du secteur informel et des Pme. Alioune Sarr qui présidait une rencontre avec les huiliers a annoncé que pour la mise en œuvre effective de ce protocole, les importateurs de l’Union des commerçants du Sénégal (Unacois/Jappo) ont mis sur la table un chèque d’1 milliard 500 millions de francs Cfa. Ce financement mobilisé en crédit revolving avec Ecobank va permettre d’acquérir quatre unités industrielles chargées du raffinage.
Il s’agit de la Sonacos pour 62 mille 500 tonnes, d’Oleosen pour 20 mille tonnes, du Complexe agro-industriel de Touba (Cait) pour 15 mille tonnes et de Fks pour 2 500 tonnes. Pour assurer la bonne marche du dispositif, le ministère du Commerce annonce une suspension pendant 1 mois et demi des importations d’huile. De même, des dispositions sont prises pour contraindre les importateurs disposant d’un stock d’huile en attente au Port de Dakar à acheter au minimum 10% de leur stock en huile d’arachide avant de se faire délivrer l’autorisation d’importer. «Ce schéma mis en place depuis deux semaines commence à connaître un début d’exécution avec plus de 200 tonnes d’huile d’arachide achetées auprès des huiliers», a souligné M. Sarr. Ces huiliers ne cacheraient d’ailleurs pas leur satisfaction et certains déclinaient déjà leurs plans de production. Même sentiment chez les transformateurs locaux qui revendiquent un stock de 1 200 tonnes d’huile en attente.

L’obstacle du prix
Si la mise en place de cette plateforme permet aux Sénégalais de consommer enfin de l’huile d’arachide, les problèmes ne manquent pas. Le principal étant lié à la structure des prix qui seront appliqués. Ibrahima Sy représentait l’industriel Fks qui raffine 27 tonnes par jour. La société qui commercialise de l’huile d’arachide depuis 1 an et demi maintenant se heurte à beaucoup de difficultés dans la commercialisation. La même situation est vécue par la Senico. Théodore Monteil de la Senico souligne même que les grossistes refusent de vendre cette huile. La raison, explique M. Sy, c’est la volatilité des prix. «Le prix de l’huile change du jour au lendemain, avec une différence de 2 000 F, ce que les grossistes ne comprennent pas et ils ont peur de ne pas pouvoir revendre au consommateur final», a-t-il expliqué. Une chose est sûre, le prix qui sera appliqué sera plus élevé pour les autres. L’huile d’arachide étant en effet la deuxième après celle d’olive dans l’échelle de qualité.
Le schéma mis en place combine ainsi une offre locale d’huile d’arachide raffinée tout en autorisant l’importation. Il y a là un double avantage, selon M. Alioune Sarr. «Stabiliser une offre suffisante d’huile et éviter les tensions sur les stocks, créer progressivement un marché pour l’huile raffinée d’arachide dont le prix pourrait être un facteur bloquant», cite M. Sarr au titre de ces avantages.
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