Par Khady SONKO –

La Compagnie sucrière sénégalaise (Css) a été la grande absente la plus présente hier au Conseil national de la consommation, alors qu’elle était au banc des accusés. Tous les acteurs concernés par la tension sur le sucre ont participé et décrié un favoritisme accordé à la Css au détriment d’autres industries et importateurs de sucre. Cependant, le ministre du Commerce et des Pme a défendu cette industrie nationale qui, selon elle, mérite la protection de l’Etat. «Nous sommes tous d’accord qu’un Etat ne peut se développer sans s’industrialiser. C’est certes peu, mais la Compagnie sucrière a créé des emplois, sans oublier que nos entreprises n’ont pas les mêmes puissances que celles de l’extérieur. Donc, si nous exposons nos entreprises qui tiennent à peine à la même concurrence que celles des pays développés qui ont beaucoup subventionné, nous ne serons que de simples consommateurs. Donc c’est tout à fait normal que le Sénégal, comme l’aurait fait tout autre pays, protège son industrie. Encore que personne n’interdit à personne d’implanter une entreprise. Peut-être que les conditions qu’il faut sont lourdes ou n’en valent pas la peine. Mais je ne vois pas pourquoi si quelqu’un veut implanter une industrie de sucre ou autre produit, la personne respecte les règles, que cela lui soit refusé», a défendu Assome Aminata Diatta au Conseil national de la consommation.
Tout de même, les services du ministère du Commerce reconnaissent que la tension sur le sucre est bien réelle, même si le pays dispose de 20 mille tonnes de sucre, soit deux mois de consommation du Sénégal en temps normal. Mais comme on va vers des événements, notamment le Magal de Touba et le Gamou, plus de 25 mille tonnes de sucre sont attendues. C’est pourquoi d’ailleurs le marché est ouvert à l’importation. «Il y a un déficit de l’offre, car il y a des industriels dont la production demande beaucoup de sucre. Ces industriels qui importaient leur sucre ont aujourd’hui des difficultés pour avoir des bateaux pour le transport, mais aussi pour acheter le sucre à un bon prix. Alors ils se sont rabattus sur la production nationale. Sans oublier ces Sénégalais qui achètent et stockent le sucre, craignant une pénurie. S’y ajoute que la compagnie nationale exportait dans les pays frontaliers. Ce qui fait qu’elle ne peut plus couvrir les demandes, passées du simple au double», a expliqué Oumar Diallo, directeur du Commerce intérieur.
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