Abdou Hakim Bao a comparu hier devant la Chambre criminelle. Le natif de Bignona, marié et père d’une fille, qui vivait à Ouakam avant de rallier le Nord-Mali où il a combattu en 2012 pour le camp du mouvement d’Aqmi. Il a affirmé avoir participé à des combats avec des rebelles touaregs contre l’Armée malienne. «Durant mon séjour au Nord-Mali, j’ai subi dans un premier temps des formations pour aller au front. Ensuite, j’ai formé une trentaine de personnes sur comment manier les roquettes, kalachnikovs, grenades. Mais il n’y avait aucun Sénégalais parmi eux», avoue Abdou Hakim Bao à la barre. Pourtant, son voyage au Mali était motivé par l’argent et non pour intégrer les camps des rebelles, encore moins devenir djihadiste. Mais une fois sur place, il devait exécuter les ordres des rebelles ou se faire exécuté. «Mon intention était de gagner de l’argent durant un mois mais une fois au Mali, les gars ont douté de moi et pensé que j’étais un espion.»
A la fin de sa formation, Abdou Hakim indique avoir reçu 3 billets de 500 euros par le chef des rebelles touaregs, ensuite 200 euros avant de quitter le Mali. Auparavant, il a eu à bien s’intégrer au point de surveiller les prisonniers hollandais, suédois, sud-africains pour le compte d’Aqmi. L’accusé, qui a fait juste sept jours à l’école coranique à Bignona, indique avoir rencontré l’imam Ndao lors d’une conférence avant de se rendre au Mali.
Sur un autre registre, Abdou Hakim déclare connaître par exemple les techniques de préparation des explosifs, pouvoir manier une Kalachnikov, avant de rallier le Mali. Corpulent, teint noir, le natif de Bignona s’est arrêté en classe de terminale et a fréquenté le lycée Blaise Daigne. Tantôt il réfute les faits qui lui sont reprochés, tantôt il les confirme. Le tout sur un ton à la limite comique qui a fait penser au juge Semba Kane que l’accusé essaie de se faire passer pour un déficient mental. Il a sans ambages confié avoir fréquenté des malfaiteurs au Sénégal avant d’aller au Mali.
ksonko@lequotidien.sn
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