Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar a ordonné hier une expertise médico-légale dans une affaire de viol, suivi de grossesse. Le supposé auteur, Moussa Mbaye, marchand ambulant de son état, a clamé son innocence. Toutefois, il a été mis en liberté provisoire en attendant les résultats des examens médicaux dans 2 mois.
En état de grossesse de 9 mois, la fille MKF saura réellement si Moussa Mbaye est le père de son enfant dans de 2 mois ; ce, à compter de la date de notification du Tribunal. Désigné comme étant l’auteur, le marchand ambulant a réfuté la paternité. Hier, le juge des flagrants délits a ordonné une expertise médico-légale sur demande du prévenu. Placé sous mandat de dépôt en juillet, il a pu bénéficier d’une liberté provisoire. Aujourd’hui, son sort reste suspendu aux résultats des hommes de l’art sur les tests d’Adn. Le délibéré du Tribunal a été une délivrance pour ses proches. Ces derniers par ignorance ou par délivrance ont applaudi comme des spectateurs dans une salle de cinéma.
Selon l’accusation, les faits se seraient déroulés au mois de décembre 2017 à Colobane. Ce jour-là, MKF dit s’être rendue dans la chambre du présumé mis en cause. Quel était l’objet de la visite ? Changer les chaussures qui ne correspondaient pas à sa pointure, dit-elle. D’après toujours elle, Moussa Mbaye a saisi l’occasion pour l’asphyxier avec une bombe. En ce moment, une nommée Seynabou, témoin, est allée chercher du couscous sur ordre de Moussa Mbaye. Et c’est dans ces circonstances qu’elle aurait été violée par le sieur Mbaye. Elle a aussi ajouté que c’est à la maison qu’elle a vu son slip tacheté de sang. Ensuite, elle est rentrée tranquillement chez elle sans piper mot à ses parents. Elle a avoué également que c’était son premier rapport sexuel. Déclarations corroborées par le témoin Seynabou Diouf. Mais l’affaire n’a été ébruitée qu’au mois de février 2018, c’est-à-dire quelques mois après les supposés faits, parce que l’oncle de la présumée victime avait constaté en février un changement morphologique chez sa nièce. A l’hôpital, le médecin conclut, après échographie, que c’est une grossesse avancée. C’est ainsi qu’une plainte a été déposée contre le prévenu en mars.
Face au juge, les avocats de la partie civile ont soutenu que les faits reprochés au prévenu sont constants. Pour la réparation, elle a demandé la somme de 20 millions de francs Cfa de dommages et intérêts. La balle a été saisie au rebond par la défense qui a parlé de demande fantaisiste. «Ici, ce n’est pas la Bceao pour battre monnaie», fulmine Me Khassimou Touré. Pour lui, matériellement les délits de détournement de mineure, d’actes pédophiles et de viol ne sont pas établis. Là, son jeune confrère, Me Bamba Cissé, s’est appesanti sur l’absence dans le dossier de certificat médical attestant un acte de pénétration sexuelle. Alors que, poursuit-il, «nous sommes devant un Tribunal, il faut des preuves». Autre élément soulevé par Me Cissé, la supposée bombe qui aurait été utilisée. La défense a également constaté que cet «élément constitutif du délit du viol» manque aussi à l’appel.
Par ailleurs, le Parquet a laissé entendre qu’il existe des indices qui accablent le prévenu, car il n’y a pas eu de rapports consentants. «Après le récit du témoin, il n’y a pas l’ombre d’un doute. C’est lui l’auteur. Et si le viol est retenu, je ne vois pas comment il peut échapper aux autres infractions», dixit le procureur qui a requis 5 ans d’emprisonnement ferme. Mais Me Serigne Ndiongue répond : «Ce qu’on attendait du Parquet, c’est de dire ce qui s’est passé. Mais nous sommes restés sur notre faim. Où est cette bombe ?» Et pour Me Etienne Ndionne, «il y a suffisamment d’éléments qui plaident à titre principal à la relaxe pure et simple» de leur client. A défaut, la défense a sollicité la relaxe au bénéfice du doute. Et le juge lui a accordé une liberté provisoire en attendant les résultats des tests Adn.
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