Le Président Macky Sall part et la case Benno vacille et se désemplit. Malgré le semblant d’unité en son sein, la belle époque de la coalition présidentielle semble révolue. Amadou Ba entre en action au moment où le parti au pouvoir traverse des moments difficiles.
La perte de vitesse du camp présidentiel avait commencé depuis les Locales et Législatives de 2022, remettant ainsi en cause l’âge d’or de cette entité politique. En termes d’attractivité et de mobilisation, le ciel commence à s’assombrir sur le toit de Benno bokk yaakaar. C’est l’Alliance pour la République (Apr) qui a pratiquement affaibli tous les partis de la coalition présidentielle, à travers son comportement boulimique et ses visées hégémoniques. Le parti au pouvoir a manqué de générosité envers ses alliés, soit par manque d’implication dans le fonctionnement de la coalition, soit par insuffisance de représentation dans la gestion des affaires du pays. C’est ainsi que ces partis alliés sont devenus soit amorphes, soit des coquilles vides. On peut le constater aisément avec la perte de vitesse de l’Alliance des forces de progrès (Afp), la léthargie qui règne au sein du Pit, l’insignifiance de la Ld version Benno bokk yaakkar ou le Parti socialiste (Ps) qui ne tient plus sur ses deux pieds. Chez les transfuges du Pds qui ont rejoint Macky Sall, il n’y a que Oumar Sarr qui a maintenu sa base électorale à Dagana, et presque tous les autres n’ont pas réussi à capitaliser leurs héritages du Pds.
Même si on ne peut nier qu’en politique un parti peut appartenir à la petite catégorie en termes électoral et se distinguer par la pertinence de ses idées. Encore qu’il s’agit ici d’une élection présidentielle où c’est le comptage des votes qui détermine le résultat final.
Amadou Ba aura alors à faire avec la désagrégation de l’Alliance pour la République (Apr) et la somnolence de la Coalition Benno bokk yaakar, et s’il n’arrive pas à ratisser large, au-delà de son parti et du camp présidentiel, on se demande comment il pourra faire pour remporter la Présidentielle de 2024.
Sur le plan socioéconomique, Amadou Ba aura encore comme adversaires de taille le coût de la vie, qui est devenu insoutenable pour les populations, et la conjoncture internationale qui frappe de plein fouet l’économie du pays. Les Sénégalais vont-ils tenir compte de ces deux facteurs dans leur appréciation de la situation actuelle du pays ? Rien n’est moins sûr !
Amadou Ba sera également très attendu sur les questions de droit, de liberté et de démocratie, car on sait que sous le magistère de Macky Sall, le Sénégal a vécu une démocratie à marée basse.
Amadou Ba devra alors jouer à fond la carte de ses atouts personnels. Il est très stratège dans sa façon de se mouvoir à l’intérieur du système, sans être vu ni entendu, et sans faire le focus autour de sa personne. On sait encore de lui, qu’il est bien entouré, avec des conseillers qui agissent dans l’ombre. Mais il lui faudra affirmer sa personnalité, montrer sa particularité, dévoiler son talent et étaler son génie.
Amadou Ba gagne, le soleil brillera à nouveau dans le camp présidentiel, il perd, les trompettes de Jéricho feront tomber les murs d’un régime politique qui a fait douze ans au pouvoir.
Babacar Papis SAMBA
Auteur et Adepte de la pensée complexe
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