«La situation économique et monétaire de l’Union est bonne. La croissance est au-dessus de 6% pour une moyenne africaine qui est autour de 3%. Les activités économiques se portent bien, malgré le fait que nous ayons quelques difficultés sur le plan sécuritaire. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à accroître les productions et à faire de telle sorte que cette situation économique s’améliore encore plus pour permettre aux Etats d’arriver à juguler la pauvreté et accroître de façon sensible le niveau de vie des populations», a dit le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, en marge de la 1ère réunion ordinaire au titre de l’année 2019 du Comité de politique monétaire (Cpm) de la Bceao. M. Tiémoko Meyliet Koné, qui en est par ailleurs le président, explique que «chacun des Etats a mis en place un Plan national de développement. Ces plans comportent des réformes sur certains secteurs et si ces réformes se font, et que l’activité économique est beaucoup plus dynamique, dans ce cas, il y a une amélioration qui se sent immédiatement. Les taux de croissance, il y a quelques années, étaient de 1%, aujourd’hui, ils sont de 6%. A certains moments, ils étaient même de 7%. Cela grâce à ces réformes qui améliorent la croissance économique et son articulation d’une certaine façon».
Après avoir passé en revue les principales évolutions qui ont marqué la conjoncture économique internationale et régionale, ainsi que les facteurs de risque pouvant peser sur les perspectives, le Cpm a maintenu les taux directeurs de la Bceao inchangés. Le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,50% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,5%. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union demeure également fixé à 3%.
Les taux directeurs maintenus inchangés
A propos du taux directeur, le gouverneur Koné assure que l’institut d’émission l’a «conçu et mis à un niveau le plus bas possible pour stimuler la croissance et permettre aux acteurs économiques de pouvoir bénéficier d’un taux beaucoup plus réduit». Toutefois, précise le président du Cpm, «certaines banques n’ont pas répercuté immédiatement ce taux, mais dans la durée, vous pourrez vous apercevoir que les taux de prêt qui étaient de deux chiffres dans notre zone ont nettement baissé. La baisse n’est pas globale pour tout le monde, car il y a une question d’appréciation du risque. Mais ceux pour lesquels les banques estiment que le risque n’est pas important, les taux ne sont pas à deux chiffres. Ils sont à un chiffre à l’heure actuelle. Cela veut dire que la baisse du taux directeur a eu un impact, puisque les banques se refinancent auprès de la Banque centrale à un taux beaucoup plus faible».
Et pour inciter les banques à faire confiance aux acteurs économiques, l’institut d’émission commun aux huit Etats membres de l’Union monétaire ouest africaine a mis en place le Bureau d’information sur le crédit (Bic). Ce dispositif vise, d’après Thiémoko M. Koné, à permettre aux banques de mieux connaître leurs clients et permettre aussi à ces derniers de pouvoir négocier des taux qui sont compatibles à leurs activités. A son avis, «si cela ne se fait pas, la tendance à la baisse des taux ne se produira pas, parce que la banque ne peut pas prêter à quelqu’un qu’elle ne connaît pas et dont elle ne connaît pas les antécédents».
Au quatrième trimestre 2018, selon la Cpm, «la croissance de l’activité économique au sein de l’Union est demeurée robuste, en se situant à 6,8% en glissement annuel, après 6,6% un trimestre plus tôt. La demande intérieure reste le principal moteur de la croissance dans l’Union. Pour l’ensemble de l’année 2018, la croissance économique est attendue à 6,8% après un niveau de 6,6% en 2018».
Au titre des finances publiques, M. Koné et ses collègues du Cpm ont «relevé une atténuation du déficit budgétaire, base engagements, dons compris, estimé en 2018 à 3,9% du Pib, selon les données des services officiels, contre 4,3% en 2017». Dans ces conditions, le Cpm encourage encore les Etats à poursuivre les efforts dans la mise en œuvre des mesures visant le respect de la norme communautaire de 3% à l’horizon 2019.
Quid de la situation monétaire de l’Umoa à fin décembre 2018 ? L’organe chargé de la définition de la politique monétaire au sein de l’Union, ainsi que de ses instruments informe qu’elle «a été marquée par une hausse de la masse monétaire de 12,4%, en glissement annuel, soutenue par le net accroissement de 28,8% des actifs extérieurs nets ainsi que par la progression de 9,4% des créances intérieures. Sur le marché monétaire, le taux d’intérêt moyen trimestriel s’est situé à 3,45% contre 2,50% le trimestre précédent. Un an auparavant, ce taux se situait à 4,10%».
Le comité a également noté au quatrième trimestre 2018, «une légère hausse des prix en rythme annuel. Le taux d’inflation s’est situé à 0,9%, après 0,4% un trimestre plus tôt, en liaison essentiellement avec l’augmentation des prix dans les secteurs ‘’transport’’, ‘’logement’’ et ‘’communication’’. A l’horizon de vingt-quatre mois, le taux d’inflation, en glissement annuel, est projeté à 1,5%, en ligne avec l’objectif de stabilité des prix poursuivi par la Banque centrale».