Macky Sall débute à Tambacounda, le deuxième tour du Conseil des ministres décentralisé. Même si l’on ne connaît pas ses vraies intentions pour 2024, cette tournée économique a une vive couleur politique. A 14 mois de la Présidentielle, c’est loin d’être un hasard… Par Abdoulaye FALL –

Le Président Macky Sall était l’hôte le plus attendu dans la capitale orientale, hier lundi. Pendant 4 jours, il va séjourner à Tambacounda pour y présider un conseil présidentiel, un Conseil des ministres et aussi la Journée nationale de l’élevage. Les responsables politiques de tous bords s’activent pour son accueil. Cependant, des populations interrogées disent attendre le président sur les questions sécuritaires, notamment avec le camp militaire de Goudiry qu’il va inaugurer, des questions scolaires avec l’annonce du démarrage des travaux de construction de l’université du Sénégal Oriental, et beaucoup d’autres questions qui ont trait au développement de la région naturelle. Toutefois, des responsables politiques de l’opposition parlent d’une simple volonté de faire dans l’animation politique.

Dans la ville, les choses bougeaient dans tous les sens. Mamadou Kassé, Directeur général de la Sicap, qui a élu son Qg au niveau du terrain de la gare, a rempli les lieux le lundi avant 11h. Chez presque tous les autres leaders, c’est le même constat, même si la plus grande foule se trouvait du côté de Kassé. Chacun mobilisait ses troupes pour le général de l’armée beige-marron. «Nous voulons que le président sache qu’il est en territoire conquis», a déclaré Mamadou Kassé. Non sans rappeler qu’à l’unanimité des responsables locaux, ils avaient décidé de porter sa candidature pour la prochaine élection présidentielle.

La ville a fait peau neuve
De tous les bords, la présence de policiers et autres agents de sécurité témoignait de la venue du Président dans la ville. Toutes les grandes artères sont jalonnées de policiers. Un impressionnant dispositif sécuritaire quadrille les environs de la Gouvernance, point de chute du chef de l’Etat.

La ville en a profité pour faire sa mue. Si par endroits les arbres sont badigeonnés, ailleurs, ce sont des drapeaux qui sont exposés sur les murs et autres panneaux publicitaires. Les murs sont peints et les routes réhabilitées. Au niveau de la devanture de la Gouvernance, l’espace est tout tapissé de pavés. Ce qui fera dire à cet habitant que le Président devrait chaque jour visiter la région. Actuellement, note-t-il, la ville est jolie à voir et brille de mille feux. Elle est vraiment jolie à voir, termine-t-il.

Les grandes attentes des populations
S’il y a une bonne dose de folklore dans la venue du chef de l’Etat, il faut aussi noter qu’il est attendu sur plusieurs sujets.

La question sécuritaire notamment. Le Président doit inaugurer aujourd’hui le camp militaire de Goudiry. Construit sur plusieurs hectares à l’est de la commune de Goudiry, il a un rôle important à jouer dans le dispositif sécuritaire du pays. Positionné sur la première ligne au niveau de la frontière, le camp militaire est un élément-clé de la défense de l’intégrité du territoire national, ont reconnu plusieurs personnes interrogées. Et à ce niveau, opposition comme pouvoir ont salué son implantation. Seulement, souhaitent les habitants interrogés, il ne faut pas qu’il soit juste un édifice. Il faut équiper les hommes qui y seront affectés et les doter de moyens de riposte et de réaction très efficaces. La proximité du camp avec la frontière avec le Mali, en proie assez souvent à des attaques terroristes, doit pousser le Président à faire en sorte que le camp ne soit pas juste de nom. Sur cette question, il est vraiment attendu.

Grande préoccupation de la région, l’université du Sénégal Oriental
C’est ici en 2013, lors du Conseil des ministres d’alors, qu’il a été annoncé la construction de l’université du Sénégal Oriental. Depuis lors, rien n’a évolué. C’est récemment qu’il a été nommé un coordonnateur de l’unité de coordination. Cela ne rassure pas pour autant l’opinion de la région, qui dit également attendre le Président sur la question. Toutes les régions naturelles du pays ont reçu leurs universités, sauf Tambacounda. Il est temps que la question soit sérieusement prise en compte, rouspètent des citoyens. Macky Sall doit, ici et de manière solennelle, évoquer la question et rassurer les Tambacoundois, souhaitent beaucoup d’habitants.

Des milliards de francs encore attendus
Pour sortir la ville de l’ornière, il lui faut un programme spécial, ont témoigné des populations. Lors du Conseil des ministres décentralisé tenu en 2013, il a été annoncé un investissement de 201 milliards pour le développement de la région. «Je ne connais pas exactement le niveau d’exécution des promesses, mais ce qui est sûr, c’est que ça a positivement impacté la région», a témoigné un habitant sous le couvert de l’anonymat. Notre interlocuteur poursuivra pour dire que rien que dans la ville, il y a 15 km de routes qui ont touché 17 quartiers. C’est vraiment salutaire. Il y a aussi un réseau de drainage des eaux pluviales qui a été fait, sans oublier les nombreux emplois créés par les travaux.

C’est pourquoi nous voulons un programme spécial pour développer la région. Nous attendons de Macky Sall des milliards de francs pour sortir la ville de l’ornière. Tambacounda doit rattraper son retard et cela ne passera qu’à travers un programme spécial, ont souhaité de grands pontes du landerneau politique local.
afall@lequotidien.sn