En Afrique de l’Ouest, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme préoccupent les Etats. En effet, confirme le colonel Adama Coulibaly, directeur général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), les phénomènes existent dans la sous-région. «Nous avons mené, en concertation avec le Gafi, des études qui confirment cet état. Dans le cadre de transfert illicite de flux, les chiffres sont nombreux», a précisé hier, le Directeur général du Giaba. Mais, assure-t-il, «les mécanismes de lutte sont adaptés au mode d’intervention des délinquants. Vous avez au­jourd’hui, la Bceao qui est avec nous, nous sommes dans le cadre d’une chaine et tous les maillons de la chaine sont vulnérables, nous voulons faire en sorte que tous les maillons soient fortifiés pour donner plus de conformité à la chaine de solidarité régionale».
Le colonel Coulibaly intervenait lors de la cérémonie d’ouverture d’un atelier sur l’évaluation des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme au profit des institutions financières et des entreprises et professions non financières désignées tenu à Saly Portudal. Cet atelier de trois jours, indique-t-il, «s’inscrit dans le cadre de leurs interventions stratégiques tant au niveau national qu’au niveau régional. Cet atelier revêt un intérêt particulier du fait de la nécessité pour les pays et les entités déclarantes de comprendre les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme auxquels ils sont exposés. Aujourd’hui,  les 17 Etats membres du Giaba sont représentés. Nous avons voulu réunir les experts avec les acteurs du terrain pour leur faire prendre conscience de la nécessité de la maitrise des instruments d’évaluation des Etats dans les domaines du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme». Il déclare également, que la région fait de plus en plus face à une situation de terrorisme. «Il s’agit de faire en sorte de couper les canaux de financements du terrorisme pour que ces activités puissent prendre fin, nous voulons noter à ce niveau que la stratégie militaire est une bonne stratégie, mais elle doit être complétée par des mesures de conformité qui sont d’abord : de mettre en place un dispositif réglementaire et législatif robuste. Au niveau de l’Uemoa et au niveau de la Banque centrale, ces mesures législatives sont en place. Au niveau des pays non membres de l’Uemoa, le dispositif législatif a été également mis en place, ce qui reste c’est la mise en œuvre effective et les résultats, et le second cycle d’évaluation on va se baser essentiellement sur les résultats et l’efficacité», souligne le Dg du Giaba.
Quant au représentant du gouverneur de la Bceao, il a salué la pertinence de cet atelier qui se tient dans un contexte marqué par l’accroissement des risques liés à la délinquance finan­cière. Ahmadou Al Aminou Lô, par ailleurs Directeur national de la Bceao, soutient : «L’im­portance de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme  n’est plus à démontrer dans l’environnement sécuritaire international et régional actuel en Afrique de l’Ouest. Cette lutte requiert des acteurs, particulièrement des institutions financières et des entreprises et professions non financières  désignées, une compréhension parfaite du cadre juridique en vigueur et des risques inhérents au blanchiment de capitaux  et financement du terrorisme. Si la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme demeure une exigence capitale, il faut aussi veiller à gérer efficacement les perturbations qu’elle est susceptible d’engendrer dans le cadre du processus de consolidation de l’insertion des économies africaines dans les circuits financiers internationaux.»
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