Adoption de la Lfr : L’ÉTAT RATTRAPE LES COÛTS

Le projet de Loi de finances rectificative (Lfr) 2024, qui a été soumis mardi aux députés pour examen, a été adopté par une large majorité. Par rapport aux prévisions de la Loi de finances initiale (Lfi), les recettes sont réajustées à 4075 milliards de francs Cfa, soit une baisse de 840, 2 milliards de francs Cfa. Quant aux dépenses, elles sont réévaluées à 6437, 2 milliards de francs Cfa, soit une augmentation de 681, 8 milliards de francs Cfa.
Par Justin GOMIS – Le projet de Loi de finances rectificative (Lfr) 2024 est passé comme lettre à la poste. Il a été adopté par une large majorité des députés, ce mardi à l’Hémicycle. Sur les 165 députés, 152 ont participé au vote dont 139 ont voté pour, zéro contre et on a noté 12 abstentions.
5 milliards de francs pour indemniser : les victimes des violences pré-électorales
La Lfr fixe ainsi les recettes budgétaires à 4075 milliards de francs Cfa et les dépenses à 6437, 2 milliards de francs Cfa. Les recettes connaissent une baisse de 840, 2 milliards de francs Cfa par rapport aux prévisions de la Loi de finances initiale (Lfi), et les dépenses une hausse de 681,8 milliards de francs Cfa, avec cette loi rectificative.
Pour justifier ces ajustements proposés par cette Lfr, le ministre des Finances et du budget a invoqué le «contexte particulier marqué par une série d’événements politiques, économiques et sociaux, en lien avec la conjoncture internationale, régionale et nationale». Entre autres, Cheikh Diba souligne «la nouvelle alternance politique, le nouveau référentiel de politique économique et sociale avec l’adoption de l’Agenda national de transformation». Le ministre a ainsi fait noter qu’au regard de ces considérations, des ajustements sur les prévisions initiales sont nécessaires, tant du côté des recettes que des dépenses, afin, d’une part, de maintenir l’équilibre budgétaire et d’autre part, de prendre en compte les incidences budgétaires induites par les changements institutionnels ainsi que les priorités et urgences des nouvelles autorités, selon le rapport de la Commission des finances et du contrôle budgétaire.
Aïssata Tall Sall : «Cette Lfr est illégale… elle viole l’orthodoxie financière»
Les ajustements budgétaires de ces différents événements se traduisent par une prise en charge «des intérêts sur la dette nécessitant une provision supplémentaire de 245, 9 milliards de francs Cfa, en raison du renchérissement des conditions d’emprunt, des indemnisations des victimes des manifestations politiques préélectorales ; des dépenses urgentes d’investissements estimées à 9 milliards ; des mesures de soutien aux prix des denrées de première nécessité, par le biais de la régulation des prix, pour un montant de 140 milliards de francs Cfa ; du soutien au secteur agricole, avec un règlement d’arriérés d’un montant de 73, 67 milliards de francs».
Radiation du député Barthélemy Dias : Les «7 Sages» déclarent leur incompétence
A cela s’ajoutent «la subvention au secteur de l’énergie, pour un montant additionnel de 289 milliards de francs Cfa, destinée à soutenir les compensations tarifaires pour la Senelec et aux pertes commerciales liées au blocage des prix à la pompe des hydrocarbures ; la gestion des inondations, après les fortes pluies, à la suite du débordement du fleuve Sénégal, avec une mobilisation de 8 milliards, pour les régions du Nord et de l’Est du pays ; l’organisation des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024, pour un montant de 20 milliards ; les tirages sur les prêts projets pour un montant additionnel de 668 milliards, du fait des engagements antérieurement contractés».
Pour donner suite aux ajustements opérés, «le cadrage budgétaire de la Lfr 2024 table sur un taux de croissance du Pib de 6, 7%, contre 9, 2 % en Lfi ; un déficit budgétaire de 11, 6% du Pib, avec l’objectif de ramener ce déficit à 3% du Pib d’ici 2027, conformément aux critères de l’Uemoa et sur un taux de pression fiscale révisé à 17, 8, contre 19,4% dans la Lfi 2024».
justin@lequotidien.sn