Adoption de la loi sur l’accès à l’information : Les acteurs des médias restent dans l’attente

Ce 25 juin, s’est tenue, sous l’égide du ministre de la Communication, une journée de réflexion portant sur le thème : «Médias, liberté de presse, lanceurs d’alerte et la sécurité des journalistes.» Elle a réuni plusieurs acteurs de la presse, notamment la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), la Coordination des associations de presse (Cap) et l’Association des femmes des médias du Sénégal (Ams), avec l’appui du Haut-commissariat sur les droits humains et le Centre d’information des Nations unies.Par Adjoua Rokhaya BASSENE (Quotidien Tv) –
C’est une journée qui vient comme un moment de plaidoyer dans un contexte tendu entre l’Etat et des acteurs des médias. Ces derniers ont saisi cette occasion pour exprimer leurs préoccupations sur les différentes décisions qu’ils attendent de l’Etat. Alors que le projet de loi sur l’accès à l’information est toujours dans les tiroirs, cette journée a été un prétexte pour revenir sur l’importance de son adoption, après que le gouvernement a décidé de mettre un cadre juridique protecteur pour les lanceurs d’alerte. Migui Marame Ndiaye, président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), explique les enjeux : «Presque tous les pays voisins du Sénégal ont cette loi sur l’accès à l’information sauf nous. Alors que quand on parle de démocratie en Afrique, c’est notre pays qui est le plus souvent cité en exemple. C’est pour cela que nous voulons encore une fois interpeller les nouvelles autorités, les inviter pour qu’elles puissent appuyer sur l’accélérateur afin que cette loi sur l’accès à l’information soit votée à l’Assemblée nationale.» D’autant plus que «nous avons travaillé depuis plusieurs années sur une ancienne mouture et souhaitons qu’il y en ait une nouvelle avant son adoption».
Une loi attendue aussi bien du côté de la presse que de certaines organisations internationales, notamment le Haut-commissariat sur les droits humains et le Centre d’information des Nations unies. Très soucieuses de la propagation de la désinformation et des discours de haine, les Nations unies ont formulé des recommandations pour des actions urgentes afin de limiter les dommages causés par la diffusion des messages qui déstructurent les pays. Parmi elles, on note : «Les gouvernements devraient fournir un accès rapide à l’information, garantir un paysage médiatique libre, viable, indépendant et pluraliste, et assurer de fortes protections pour les journalistes, les chercheurs et la Société civile.»
En écho, le ministre de la Communication insiste sur l’importance de cette activité. Il dit : «La tenue de cette journée arrive à point nommé, car elle fait suite aux Assises des acteurs des médias qui ont tenu à réfléchir au devenir et à l’encadrement de la profession. Parler d’encadrement revient à évoquer le cadre juridique et réglementaire. Permettez-moi à cet effet de rappeler que le Sénégal est attaché à sa tradition de respect de la liberté d’expression et du débat contradictoire dans le respect des normes en vigueur.»
Par ailleurs, il a évoqué la transparence dans la gouvernance des médias. «Ce qui revient à publier la liste des médias officiellement reconnus par nos services, mais plus encore de connaitre les vrais propriétaires de ces entreprises de presse afin que nul n’en ignore et que les médias ne soient pas considérés comme des outils d’influence ou de lobbying. Les entreprises de presse demeurent des entreprises régies par les règlements en vigueur et doivent aussi se conformer aux lois en payant leurs impôts, surtout si ces contributions sont prélevées des revenus de leurs travailleurs. Le premier responsable pour la garantie de conditions optimales de travail du professionnel des médias demeure son employeur. L’Etat du Sénégal, en ce qui le concerne, ne ménagera aucun effort pour accompagner les entreprises sérieuses, qui font preuve d’une gouvernance financière saine dans leur développement», note-t-il.