AEMO – Protection de l’enfance : Mbour expérimente un projet de famille d’accueil

C’est une révolution pour la protection de l’enfance. A Mbour, un projet de famille d’accueil, au détriment du placement institutionnel, a été lancé à Mbour, selon le modèle italien.Par Alioune Badara CISS –
La commune de Mbour est un carrefour qui accueille beaucoup d’enfants talibés. Depuis un certain temps, le phénomène des nouveau-nés abandonnés est aussi devenu un constat alarmant. En plus de cela, les services d’Action éducative en milieu ouvert (Aemo) ont besoin de structures accueillantes pour accompagner les pouponnières et augmenter l’offre de prise en charge temporaire des mineurs en difficulté.
Les tribunaux, quant à eux, ne sont pas toujours en mesure de rendre rapidement des ordonnances de placement extrafamilial pour les mineurs en état d’abandon ou de semi-abandon. Tandis que les pouponnières présentes sur le territoire ne parviennent pas toujours à répondre à la nécessité de prolonger l’accueil des mineurs hébergés ou à accueillir d’autres mineurs qui ne peuvent être accueillis dans ces structures à cause des conditions de vie. C’est dans ce contexte que «Sunu Dom», un projet pour la protection, la prise en charge et le bien-être des enfants vulnérables au Sénégal, va démarrer à Mbour le 15 mai prochain et va durer 18 mois.
Initié par des associations italiennes telles que l’Associazione nationale pubbliche assistenze et l’Associazone arcobaleno onlus, et financé par la Commission pour les adoptions internationales, ce projet vise à poursuivre la protection des mineurs les plus vulnérables au Sénégal, précisément dans les régions de Saint-Louis, Louga, Mbour et Dakar.
Lors de la session de formation destinée aux familles d’accueil, la coordonnatrice du projet-pilote «Sunu Dom» à Mbour s’est réjouie de sa mise en œuvre au Sénégal. Il s’inspire du modèle italien dont l’objectif de l’expérimentation est de proposer et concrétiser un schéma de protection des mineurs en difficulté, actuellement inconnu au Sénégal, et qui puisse, à terme, compenser la perte de la culture de la famille élargie, qui s’appauvrit en raison des fortes migrations internes des villages vers les périphéries des villes. Elle explique les contours de ce projet : «Nous allons lancer ce projet expérimental sur le territoire de Mbour avec des familles qui pourront, sur proposition et encadrement de l’Aemo, accueillir temporairement des mineurs qui ne peuvent être placés dans des pouponnières, afin de les accompagner vers la réintégration de leur famille d’origine ou de les placer dans une famille adoptive. Les mineurs accueillis seront répartis en deux tranches d’âge : première tranche d’âge de 3 à 6 ans (préscolaire), deuxième tranche d’âge de 7 à 11 ans (première scolarisation).»
Ce projet, qui vient renforcer le travail de la Direction de la protection judiciaire et sociale dans le cadre de la rééducation, la réinsertion des enfants en danger, en conflits avec la loi, des enfants témoins et victimes de maltraitance, est bien accueilli par Mme Fatou Ndiaye Camara, éducatrice spécialisée. «C’est avec beaucoup de joie que nous accueillons ce projet italien qui vient s’implanter à Mbour dans le cadre de la protection des enfants en situation de vulnérabilité, des enfants privés de soins parentaux. Donc, nous avons misé sur les familles d’accueil au détriment du placement institutionnel. Tout simplement parce que la famille est le lieu où l’enfant doit évoluer, doit trouver son épanouissement. Donc, ces enfants privés de soins parentaux, au lieu de les placer en structure d’accueil, le projet va les placer dans ces familles d’accueil où ils vont évoluer avec les membres de la famille, les fratries», s’est réjouie Mme Camara.
Toutefois, elle a précisé que la Direction de la protection judiciaire et sociale a un grand chantier qui est l’institutionnalisation de la protection de remplacement, «pour ne pas dire la protection de l’enfant qui n’a pas de famille ou les enfants dont les parents peinent à les prendre correctement en charge. La protection de remplacement, c’est le placement institutionnel, c’est le placement en famille d’accueil, c’est le confiage (sic), c’est l’adoption. Ce projet est une première et une expérience, et tout le monde va s’y mettre pour donner le meilleur», précise encore Mme Fatou Ndiaye Camara, éducatrice spécialisée.
Ainsi, les acteurs qui vont intervenir dans ce projet tels que le service Action éducative en milieu ouvert (Aemo) et les familles d’accueil, ont été capacités. «En collaboration avec le Tribunal pour enfant, qui va placer ces enfants par ordonnance judicaire. C’est-à-dire que cela va être bien encadré, bien structuré et bien suivi. Les enfants vont être suivis par l’Aemo et un rapport va être transmis au juge qui a placé cet enfant pour lui rendre compte régulièrement de l’évolution de ces enfants dans ces familles-là», ajoute-t-elle.
En ce qui concerne les familles d’accueil, elle décline les attentes. «La capacitation des familles d’accueil, c’est-à-dire qu’elles ont été enrôlées, aujourd’hui elles sont là, nous allons leur expliquer ce qu’on attend d’elles, le rôle qu’elles doivent jouer et la cible qu’elles vont recevoir. Donc, une délégation est venue d’Italie pour la mise en œuvre du projet qui va démarrer le 15 avril prochain. Et c’est une expérience qui marche fort, on va le verser dans la corbeille de la protection de remplacement que nous sommes en train d’installer», note-t-elle.
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