Les circonstances non encore élucidées du décès de leur fils, Cheikh Niass, poussent les proches de ce dernier à réclamer la lumière dans cette affaire.Par Abdou Latif MANSARAY – 

A la cité Asecna de Yeumbeul, la maison de Cheikh Niass ne désemplit pas. Pa­rents, amis et proches, tous viennent pour présenter leurs condoléances à la famille éplorée qui continue à réclamer la lumière sur la mort de son fils. La mort de Cheikh Niass pousse toujours les populations à s’interroger sur ce drame survenu après son arrestation par un élément du poste de police de Wakhinane Nimzatt.
Dans les locaux de la police, M. Niass avait eu à faire connaissance avec une autre personne arrêtée, Lamine Diop, avec qui il a partagé le violon. Ce dernier, venu présenter hier ses condoléances à la famille du défunt, a fait face à la presse pour revenir sur des faits auxquels il dit avoir a as­sisté. «C’était un gars très bien. Moi, j’ai été arrêté par la police avant d’être mis au violon. J’ai passé la nuit là-bas et Mame Cheikh Niass est venu le lendemain vers 10h 30 minutes. E ce jour-là, il était accompagné d’un agent de la police locale. Ce dernier lui a demandé de l’attendre au poste avant de s’enfermer dans le bureau du commandant. Mais le sieur Cheikh Niass a insisté pour entrer dans le bureau. Tout en disant au policier : «Tu ne peux pas prendre mes papiers et me laisser ici, il faut que je voie le commandant au même titre que toi.» Mais le policier lui oppose un niet catégorique», narre M. Diop. Qui poursuit : «Sur ce, Cheikh Niass n’a pas insisté. Il décide d’attendre. Quelques minutes après, le policier est ressorti du bureau du commandant et, sans explication, Cheikh Niass est jeté dans le violon.»

«Il y a des policiers incompétents qui ne connaissent pas leur rôle dans la police»
«A l’intérieur, quelques minutes après je le voyais transpirer abondamment. J’avais par devers moi une bouteille de boisson que j’ai voulu lui offrir, mais il m’a fait savoir que la boisson n’était pas bonne pour lui. Son fils, qui était sur les lieux, a été renvoyé par un policier. Cheikh Niass s’est adressé à un gradé au niveau de la police pour que ce dernier l’aide à envoyer une personne chez lui pour chercher ses médicaments. Mais le policier lui a dit clairement qu’il ne peut pas lui permettre d’envoyer une personne chez lui», a laissé entendre Lamine Diop. Avant d’ajouter : «On m’avait amené des sachets d’eau que je lui ai remis pour qu’il puisse se désaltérer. Le lendemain je suis sorti et je lui ai envoyé des vocaux pour m’enquérir de l’état de sa situation. Parce qu’il voulait même m’aider en me promettant de me trouver un avocat pour mon sort.» «J’ai appris sa mort à travers les réseaux sociaux. Sa mort m’a causé beaucoup de peine. On ne lui a pas permis d’envoyer son fils lui chercher ses médicaments. Notre police doit être réformée. Parce qu’il y a des policiers incompétents qui sont dans ce corps et qui ne connaissent pas leur rôle dans la police, ils violent toutes les lois», constate M. Diop.

L’oncle du défunt : « Cheikh Niass n’était pas malade»
L’oncle du défunt, Assane Thiam, a fait savoir que son neveu n’avait aucun problème de santé, au contraire il était bien portant. «Il ne faut pas nous faire croire qu’il était malade. Souvent, lorsque les agents de police font des délits dans ce pays, ils ne sont pas punis par la loi. Au contraire, c’est une échappatoire qu’on leur trouve. Et si c’est un citoyen ordinaire, on le traque et le condamne.» «Dans quel pays somme-nous ? Pour un problème de carte grise, mort d’homme s’en suit, c’est un manque de professionnalisme de la part de la police», s’insurge l’oncle de Cheikh Niass.
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