Deux ans de prison avec sursis : c’est le verdict rendu par le Tribunal de Grande instance de Louga concernant l’affaire des talibés enchainés. Le maitre coranique Cheikhouna Guèye et ses co-prévenus, qui étaient poursuivis pour mauvais traitements sur des enfants, sont désormais libres.
Cheikhouna Guèye et ses co-prévenus sont libres. Le maître coranique, qui avait enchainé des enfants dans un daara à Ndiagne, localité située dans la région de Louga, écope de deux ans de prison avec sursis. C’est la décision rendue par le Tribunal de Grande instance de Louga (Tgi), qui n’a finalement pas suivi le procureur dans ses réquisitions. Ce dernier avait demandé 2 ans de prison dont 2 mois ferme. C’est un verdict d’apaisement vu les événements qui ont eu lieu lors de ce procès le 27 novembre dernier avec le saccage du Tribunal. D’ailleurs, un dispositif sécuritaire impressionnant avait été mis en place, pour éviter d’éventuels débordements. Le site d’information Seneweb parle de «plus de 200 éléments du Gmi positionnés autour de l’institution judiciaire» pour «veiller au bon déroulement du verdict du procès». De même, il informe que «toutes les routes qui mènent au Tribunal étaient barrées». «Des barrières ont été érigées à plus de 200 mètres du Tribunal pour empêcher les maîtres coraniques d’accéder à l’intérieur du Tribunal. Les entrées sont filtrées. Seuls les journalistes et les agents du Tribunal sont acceptés à l’intérieur. Les soutiens des prévenus, venus en masse, sont maintenus loin du Tribunal », renseigne Seneweb. Cette affaire de talibés enchainés avait défrayé la chronique et suscité l’émoi surtout du côté des Ong qui luttent pour le respect des droits de l’Homme. Pour rappel, le maître coranique Cheikhouna Guèye, certains parents qui avaient autorisé que leurs enfants soient enchainés et le forgeron ont été arrêtés lorsque la gendarmerie a été informée de cette affaire.
Le directeur exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international soutient que ce verdict est un avertissement. Seydi Gassama sur Seneweb déclare : «Ce qui est pour nous n’est pas la peine, qu’elle soit une peine ferme ou du sursis. L’essentiel c’est que justice ait été rendue dans cette affaire.» D’après le défenseur des droits de l’Homme, «pour la première fois, un maître coranique, poursuivi pour maltraitance, a été condamné». Ce qui pour M. Gassama signifie «que pendant les deux prochaines années, s’il recommence, il ira en prison». «Ce verdict est un avertissement à tous les maîtres coraniques partout au Sénégal. S’ils commettent des actes de maltraitance, ils seront arrêtés et poursuivis», a-t-il fait savoir.