Le procès des accusés poursuivis dans la supposée affaire terroriste est un dossier pour stigmatiser les ibadou rahmane. Ainsi parlait hier l’un des avocats de Moustapha Diatta qui risque 20 ans de travaux forcés. Pour le conseiller de Alpha Diallo, condamner imam Alioune Badara Ndao et ses co-accusés «c’est signer l’acte de naissance du terrorisme dans notre pays».

Le dossier imam Ndao et Cie est un procès qui vise la communauté ibadou rahmane. C’est la conviction de l’un des avocats de l’accusé Moustapha Diatta. Ce dernier, qui risque 20 ans de travaux forcés, a vu ses conseillers plaider son acquittement pur et simple. «Certains disent que ce dossier est celui de la stigmatisation de la communauté des ibadou rahmane. Je suis du même avis, parce que dans ce lot de personnes qui comparaissent il n’y a que des ibadou», a tonné Me Ousseynou Ngom hier, devant la Chambre criminelle spéciale. D’après lui, au Sénégal, «il y a des personnes qui ont fait l’apologie du terrorisme et qui ne sont pas inquiétées».  Selon toujours l’avocat, après le réquisitoire du procureur Aly Ciré Ndiaye, «il y a une volonté manifeste de maintenir Moustapha Diatta dans les liens de la détention».
Son client étant poursuivi pour les crimes d’apologie du terrorisme, association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme, pour Me Khoureyssi Ba, il s’agit de «monstrueuses accusations». Pour lui, ce dossier est un «procès injuste, une stigmatisation de l’islam. Et il faut arrêter la stigmatisation, même pour les francs-maçons».
Son confrère, Me Babacar Ndiaye, a aussi soutenu qu’«il n’y a aucun acte qui peut justifier l’acharnement du Parquet contre les accusés, en particulier sur Moustapha Diatta». Le réquisitoire du procureur, poursuit-il, n’est pas fondé. Selon Me Ndiaye, dans cette affaire, «il s’agit d’une simple fiction. On ne peut pas sur la base de simples suppositions entrer en voie de condamnation. Nous sommes en présence d’un dossier vide, malgré l’ampleur que lui a donné le Parquet. Il est très exagéré de les culpabiliser». Maître Ba estime que pour le cas de leur client, «on a confisqué sa liberté et c’est une très grande injustice».
Pour sa part, Me Abdou Dialy Kane, qui assure la défense de Alpha Diallo dont le maître des poursuites avait demandé sa mise en liberté, a déversé sa colère sur le Parquet par rapport à son arrestation «arbitraire». «Du point de vue des faits, il n’a rien fait. Arrêté en Mauritanie avec d’autres compatriotes, leurs droits ne leur avaient pas été notifiés. Il passe deux ans en prison pour n’avoir rien fait. Il faut que ces choses-là commencent à nous déranger. Il faut qu’on les arrête. Je n’ai identifié aucun acte terroriste dans ce dossier. Je voudrais que le Parquet me donne le nom d’une seule victime dans cette affaire», vocifère Me Kane. Dans ce dossier, dit-il, il n’y a pas de terrorisme. «Condamner ces personnes est la voie royale qui va nous mener vers le terrorisme, c’est signer l’acte de naissance du terrorisme dans notre pays», interpelle-t-il ainsi Samba Kane et ses assesseurs avant de plaider l’acquittement pour son client.
Par ailleurs, le conseiller du mis en cause El Hadji Mamadou Ba, pour qui le procureur a requis 15 ans de prison ferme, a sollicité l’acquittement de son client de toutes les infractions. Me Demba Ciré Bathily a également demandé au juge Samba Kane d’ordonner la restitution à son client de ses biens saisis. Revenant d’abord sur la procédure, l’avocat a laissé entendre qu’il y a eu énormément de problèmes. «A aucun moment on ne dit ni quand ni comment ces personnes ont commis le délit de l’apologie du terrorisme. Qu’on nous dise quel est l’acte terroriste qui a été approuvé. On ne m’a pas montré jusqu’à ce moment une expression publique de sa part par radio, télévision…», fulmine Me Bathily. Il rejette les accusations de financement du terrorisme, de blanchiment de capitaux, collées à son client.
Le conseiller de El Hadji Mamadou Ba a défendu que celui-ci «n’a jamais eu à manipuler de fonds, ni eu une relation financière avec qui que ce soit dans cette procédure. Quels sont les fonds qui ont été collectés et transférés par mon client en vue de commettre un acte terroriste ?» Au sujet de l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, il dira qu’«il n’y a aucun élément qui permet de le lier à cette entreprise».
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