A part Fou Malade, Omzo Dollar et Niit Doff, rares sont les rappeurs qui ont manifesté leur solidarité à Ngaaka Blindé, détenu depuis décembre dernier pour falsification, contrefaçon, altération de monnaie ayant cours légal au Sénégal. Pourtant, aux yeux du jeune rappeur Cheikh Ibra Diop alias LP (Liberté Provisoire), il est clair que l’auteur de l’album «Jeego» est innocent. Dans un son qu’il intitule «Procès ciblé», il prend sa défense.

Pour le rappeur Cheikh Ibra Diop alias LP, il n’y a nul doute : son confrère Ngaaka Blindé est «injustement détenu». Il affirme d’ailleurs : «Je ne pense pas qu’il soit impliqué parce que la machine dont on parle, on ne l’a pas trouvée chez lui. Les billets qu’on a trouvés chez lui sont photocopiés. Donc, on ne peut pas dire que c’est un trafiquant d’argent. L’authen­ticité des papiers laisse à désirer. Il a lui-même dit que c’était pour les besoins de tournage de clip vidéo. S’il trafiquait des faux billets comme ils le disent, ils auraient des preuves plus solides.» Quelque part, le fait de maintenir Ngaaka en prison prouve, selon LP, qu’il y a une volonté de lui nuire ou de nuire à la carrière du rappeur qui, à force de talent, s’est imposé dans le milieu du rap sénégalais. «On aurait dû tenir compte de ses propos pour le relâcher. Sinon mener des investigations plus poussées. Pourquoi sacrifier un jeune aussi talentueux ? Ils auraient pu le libérer plus tôt. Il avait l’avenir devant lui. Avec beaucoup de projets. Il était en train de tourner des clips, il était en train de travailler. Mon sentiment est qu’ils l’ont sacrifié parce que s’ils voulaient vraiment l’innocenter, ils n’auraient pas manqué de preuves. Les justificatifs qui le déculpabilisent sont nombreux. Il y a anguille sous roche», déclare LP, persuadé qu’il est que cette détention sera un frein à la carrière du rappeur qui était bien promis à un bel avenir.

LP, adepte du rap conscient
Potentielle connivence avec l’interprète de Néma waaw ? LP balaie d’un revers de main et s’estime en droit de marquer son soutien à un rappeur avec qui il partage le même milieu, l’amour du mic et de surcroît qu’il juge innocent. «C’est même un devoir», rappelle-t-il, soulignant qu’au-delà, Procès ciblé décrie le système judiciaire sénégalais. Que cela soit le procès de Ngaaka Blindé ou encore du maire Khalifa Sall, LP inscrit son action dans un projet encore plus vaste qui l’amène à s’intéresser à tout ce qui touche à l’actualité de son pays. Pour reprendre les termes dédiés, à faire du «rap conscient» et «rap engagé».
Pour l’ancien coéquipier de Mister Mass qui s’est lancé dans une carrière solo depuis peu, il s’agit donc de se prendre en main et de tenir en haleine son public à travers le concept «16 bar» qu’il a inventé il y a quelques mois. Ce projet qui consiste à sortir chaque deux semaines un son sur YouTube compte déjà 4 sons. Dans le premier, Lifou jeunesse, l’artiste s’adresse à la jeunesse à laquelle il demande d’être mature et consciente pour éviter de tomber dans certains travers. Le second, Teunke xibaar, aborde, comme son nom l’indique, l’actualité portant sur les enlèvements d’enfants, les sacrifices qui deviennent une habitude à l’approche des élections. Le 3e est quant à lui un ego-trip où l’artiste renoue avec un rap pur et dur. Procès ciblé, le 4e de cette série de sons est le dernier mis en ligne. Il annonce la suite que vont prendre le 5e, 6e voire 7e son de «16 bar», en attendant la sortie d’un single après le mois de ramadan.
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