L’enquête de la Bbc intitulée «Scandale à 10 milliards», diffusée le 3 juin dernier et dans laquelle Aliou Sall est accusé de corruption, a été l’un des évènements marquants de l’année. Le petit frère du président de la République, rattrapé par le rôle qu’il a joué dans l’attribution des blocs pétroliers et gaziers à l’homme d’affaires Frank Timis pour lequel il travaillait, a dû démissionner de son poste de directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Une information judiciaire a été ouverte sur cette affaire et des personnalités politiques, de la Société civile et de Petrosen ont été entendues à titre de témoins.

C’est une affaire qui a secoué la République en 2019. Au cœur du «scandale», le petit frère du président de la République, rattrapé par ses activités dans le domaine du pétrole. Tout est parti d’une enquête de la Bbc intitulée «Scandale à 10 milliards», diffusée le 3 juin 2019 et dans laquelle Aliou Sall, par ailleurs maire de Guédiawaye et directeur de la Caisse des dépôts et de consignations (Cdc), est accusé d’avoir touché des pots-de-vin liés à l’attribution de deux blocs pétroliers et gaziers à l’homme d’affaires Frank Timis en 2012. Des accusations niées en bloc par Aliou Sall qui a fait face à la presse quelques jours après la diffusion de cette enquête ayant suscité moult commentaires. «C’est absolument faux. Je n’ai jamais directement ou indirectement reçu 250 mille dollars de Timis corporation, pas plus qu’Agritrans. Il s’agit d’un paiement imaginaire», avait-il martelé. Dans la même veine, le frère du Président Sall avait dit n’avoir «jamais fait de demande de paiement d’une quelconque fiscalité pour le Sénégal lorsqu’il était le gérant de Petro Tim Sénégal». Concernant les émoluments de 25 mille dollars mensuels révélés dans cette enquête, M. Sall a fait savoir que le montant de son salaire n’avait «rien d’illégal ni d’inhabituel dans le secteur du pétrole et du gaz». Cette sortie de M. Sall n’a pas convaincu l’opinion publique qui a demandé sa démission de la tête de la Cdc et l’ouverture d’une enquête judiciaire. Au début, le petit frère du président de la République avait refusé de quitter la direction de la Cdc, soutenant que c’est donner raison à ses détracteurs. Aliou Sall finira par céder à la pression en démissionnant le 24 juin, soit 20 jours après la diffusion de cette enquête. Il faut rappeler que dans la foulée, M. Sall avait menacé de porter plainte pour diffamation contre la Bbc, avant d’y renoncer à la suite de l’ouverture d’une information judiciaire. Avant, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye avait, lors d’une conférence de presse, annoncé l’ouverture d’une «enquête complète et approfondie» sur cette affaire. Il avait même appelé «toute personne détentrice d’une quelconque information se rapportant à ce dossier à aider à la manifestation de la vérité». Par la suite, il y a eu l’ouverture d’une information judiciaire après que le procureur a transmis le rapport de la Division des investigations criminelles (Dic) au juge d’instruction. Les auditions qui ont commencé le 4 novembre se sont poursuivies jusqu’au 27 novembre dernier. Le Doyen des juges a donc entendu plusieurs personnalités politiques, de la Société civile, d’anciens responsables de Petrosen à titre de témoins. C’est dans ce cadre que l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Birahim Seck du Forum civil ont été auditionnés. Les auditions ont pris fin le 27 novembre avec les personnes au cœur de cette affaire : Aliou Sall et le représentant de Frank Timis, David Lecki. Il faut préciser que dans cette affaire, il n’y a pas encore eu de confrontations entre les différentes personnes citées dans l’attribution des blocs pétroliers et gaziers. Rendez-vous est donc pris pour 2020 afin de connaître la suite de ce feuilleton sur le pétrole.