Le Général Souleymane Kandé devra se contenter du titre d’Attaché militaire en Inde, si la Cour suprême confirme son affectation. Il semble devoir cette affectation au fait de s’être opposé à une volonté du Premier ministre Sonko.Par Malick GAYE –

C’est l’un des derniers mauvais coups placés par Macky Sall avant de quitter le pouvoir. Dans un décret n°2024-873 pris à quelques heures de sa sortie du pouvoir, le chef de l’Etat a déterminé les attributs et missions des attachés militaires affectés dans les ambassades. On note dans l’article 10 dudit décret qu’il est prévu qu’un Officier général puisse être nommé à cette mission d’Attaché militaire d’ambassade. Si le Général Kandé persistait dans sa volonté d’attaquer sa nomination, il devrait également dénoncer ce décret de Macky Sall.

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Il pourrait peut-être invoquer le fait que son statut n’est pas seulement celui d’un Officier général, mais qu’en ayant exercé des fonctions de chef d’Etat-major de l’Armée de terre, il est Général d’Armée, donc indigne des fonctions d’un Attaché militaire.
Pire, l’article 7 du décret, qui donne la classification des postes diplomatiques, souligne que le poste diplomatique de New Delhi se place à la 5ème et dernière catégorie, qui est celui de pays «d’intérêt sécuritaire évident». Le document précise que la classification, «qui est susceptible d’évaluation périodique, relève de l’appréciation du ministre chargé des Forces armées, avec avis du ministère chargé des Affaires étrangères». C’est comme si pour le moment du moins, le chef d’Etat-major de l’Armée de terre était envoyé dans le dernier trou perdu du monde, où l’intérêt sécuritaire du Sénégal est nul. Pour se faire oublier jusqu’à sa retraite ? Il lui reste en tout cas beaucoup d’années à servir, n’étant âgé que de 53 ans…

On en sait par ailleurs un peu plus sur ce qui lui vaut cette sanction. Le site afriqueconfidentielle.com soulignait dans une dépêche hier que «dans une lettre confidentielle numéro 0431/MFA du 16 mai 2024 intitulée «Evaluation des accords de coopération militaire avec la France, les Etats-Unis, le Canada et la Grande Bretagne», le Premier ministre Ousmane Sonko a demandé au ministre des Forces Armées, à l’Etat-major général des Armées et à la Division coopération de lui soumettre, «avant la fin du mois de mai 2024», une proposition de révision de ces accords militaires avec les quatre pays cités.
Ousmane Sonko leur a instruit de lui faire des recommandations qui pourraient conclure à une dénonciation de ces accords militaires». Le Quotidien a pu vérifier de manière indépendante la véracité de ces informations.

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En recevant ce courrier, le Cemga a laissé à ses collaborateurs, le soin d’y répondre. Comme beaucoup d’autres officiers, Souleymane Kandé a refusé de se plier à cette demande, en faisant valoir qu’il ne relevait pas des prérogatives du Pm de remettre en cause des accords militaires votés par l’Assemblée nationale, ou de donner des instructions à l’Armée, qui fait partie du domaine réservé du chef de l’Etat. Souleymane Kandé a donc renvoyé une lettre motivée et argumentée dans ce sens.

Ousmane Sonko n’aurait pas du tout apprécié cette réponse qu’il considére comme un camouflet personnel. Est-ce pour cela qu’il a demandé sa tête à Bassirou Diomaye Faye ?
mgaye@lequotidien.sn