Affrontements à l’Ucad : Gatsa-gatsa entre Fds et étudiants

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) traverse une nouvelle période de turbulence, caractérisée par une crise profonde qui mêle des problèmes structurels anciens à des revendications étudiantes et syndicales plus récentes. Cette crise, qui affecte le calendrier académique et la vie sur le campus, est devenue un baromètre des tensions sociales et politiques au Sénégal. La journée de violence à l’Ucad hier confirme l’urgence d’une solution structurelle, et pas seulement conjoncturelle. Tant que les problèmes fondamentaux de capacité d’accueil, d’encadrement et de paiement des aides sociales ne seront pas résolus, l’université risque de rester un foyer de tensions récurrentes.
Par Justin GOMIS – L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a été, une fois de plus, le théâtre de violents affrontements hier, marquant l’escalade d’une crise universitaire persistante. Des incidents majeurs, impliquant des étudiants, des Forces de l’ordre et parfois des bandes extérieures, ont perturbé le fonctionnement du campus, forçant l’interruption des cours et l’évacuation de certaines zones. Les violences de la journée ont souvent pour point de départ des revendications étudiantes non satisfaites, mais la nature et l’ampleur des affrontements suggèrent une aggravation de la situation. Les principaux foyers de tension se sont concentrés autour du Campus social, notamment aux abords du Coud, et sur l’Avenue Cheikh Anta Diop, bloquant la circulation et engendrant le déploiement des Forces de l’ordre.
Face aux manifestations qui ont dégénéré en jets de pierres et barricades, les autorités ont riposté avec l’usage de la force. Les Forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les attroupements, utilisant massivement des gaz lacrymogènes qui se sont propagés jusque dans les amphithéâtres et les départements administratifs, rendant l’air irrespirable et forçant l’évacuation des lieux. Les affrontements ont fait état de blessés (étudiants et parfois policiers) et d’arrestations. Bien que le bilan précis varie, la violence de la riposte soulève régulièrement des questions sur la proportionnalité de l’usage de la force dans l’enceinte universitaire.
Dommages matériels
Des dégâts ont été signalés sur des biens publics (arrêts de bus, feux de signalisation) et parfois des tentatives d’incendie de pneus ou de structures. Les tensions ont explosé suite à des manifestations concernant le retard de paiement des bourses (un facteur récurrent de mobilisation), la pénurie de chambres au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) et la dénonciation de la qualité de la restauration.
Il faut savoir que la violence à l’Ucad est symptomatique de la faillite du dialogue social et de la gestion des infrastructures universitaires. Ces incidents répétés contribuent à un blocage chronique du calendrier académique, ce qui pénalise des dizaines de milliers d’étudiants dont l’avenir professionnel est mis en péril par les retards dans l’obtention des diplômes.
La direction de l’Ucad et le ministre de l’Enseignement supérieur ont généralement lancé des appels au calme et à la reprise du dialogue, tout en promettant de se pencher sur les revendications matérielles. Cependant, la crise de confiance entre les étudiants et les autorités universitaires et gouvernementales semble s’aggraver.
La violence à l’Ucad est souvent perçue par certains observateurs comme un terrain fertile pour l’instrumentalisation politique, où des acteurs externes pourraient encourager l’agitation pour des raisons qui dépassent le cadre purement universitaire.
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