La Coalition nationale «Publiez ce que vous payez» (Pcqvp), «consternée» par le drame de Khossanto survenu lundi, qui a fait deux morts et de nombreux blessés, a condamné «avec la plus grande fermeté, cette brutalité meurtrière à l’endroit de manifestants désarmés dont le seul tort a été de défendre leurs droits économiques, sociaux et environnementaux». Dans un communiqué, l’organisation fait savoir que «cette attitude répressive des autorités est une violation manifeste des droits humains». Dans la même veine, elle déplore «le traitement inhumain que les Forces de défense et de sécurité auraient imposé aux personnes arrêtées lors des manifestations». Selon les membres de cette coalition, «ces dernières seraient privées de toute assistance de leurs familles». Et de plaider : «Nous saisissons cette occasion pour exiger leur libération immédiate et sans conditions. Dans un Etat de Droit où la Constitution garantit et encadre la liberté de manifester, nous ne saurons tolérer la restriction systématique de l’espace civique accompagnée de répression sanglante avec des motifs aussi légers que le rétablissement de l’ordre public. L’ordre public ne saurait être plus important et plus sacré que la vie humaine.» En outre, Pcqvp estime que «les autorités judiciaires doivent ordonner la libération de toutes les personnes arrêtées en marge de ces manifestations pour apaiser les tensions». Revenant sur le problème ayant conduit à cette situation déplorable, les auteurs du communiqué renseignent avoir alerté les autorités «sur le caractère illégitime et impopulaire de l’arrêté préfectoral dans le département de Saraya (région de Kédougou) relatif au recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée pour le compte des entreprises minières opérant dans la zone». Seulement, font-ils remarquer, «les autorités étatiques du Sénégal n’avaient prêté aucune attention aux réserves motivées des populations locales sur la décision du Préfet». D’ailleurs, dans son document, ladite coalition rappelle que «la gestion des opportunités sociales offertes par les compagnies minières ne saurait revenir aux autorités administratives alors que les communautés bénéficiaires disposent de mécanismes locaux acceptés de tous dans la gestion de leurs relations avec les compagnies minières». Dans le but de restaurer la paix dans cette zone, Pcqvp a formulé une série de recommandations. Ainsi, ladite organisation est convaincue que le «procureur doit ordonner l’ouverture d’une enquête libre et transparente pour élucider les circonstances de décès des deux manifestants et apporter les sanctions requises aux personnes incriminées». S’agissant de l’autorité administrative (le Préfet), les auteurs du communiqué lui demandent de «veiller à la prise en charge médicale correcte de l’ensemble des blessés». Afin d’éviter des différends de ce genre, ils soutiennent que «le Préfet doit limiter son rôle à la supervision des commissions de recrutement, sans y occuper une responsabilité de direction». Toujours dans cette dynamique d’apaisement, les membres de la coalition pensent que «les autorités administratives gagneraient à renforcer la participation et l’inclusion de l’ensemble des parties prenantes pour toute décision ayant des implications sur les communautés, y compris dans la composition des commissions locales, afin d’écarter les suspicions qui pèsent sur elles et les compagnies, et d’asseoir un climat apaisé pour l’exploitation des ressources minières». Pour ce qui est de l’Etat du Sénégal, il lui est demandé «à travers le ministère des Finances et le ministère des Mines et de la géologie», de «s’acquitter de son obligation de rendre effectif le versement du Fonds d’appui et de péréquation instauré par le Code minier aux collectivités territoriales impactées par les opérations minières». Dans ce même ordre, Pcqvp estime que «l’Etat doit veiller à ce que les compagnies rendent effectif le Fonds d’appui au développement local, conformément à l’article 115 du Code minier en vigueur». Entre autres recommandations formulées, il y a l’obligation pour l’Etat et les compagnies, «de requérir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés pour toute action à entreprendre et ayant des impacts sur leur cadre de vie», celle de l’Etat de «garantir des investissements conséquents dans les zones minières défavorisées pour un accès aux services essentiels (eau, santé, éducation, sécurité, etc.) afin de corriger les inégalités dont souffrent les communautés impactées». Une autre recommandation faite par Pcqvp aux compagnies, c’est de «garantir une concertation et une adhésion des communautés à leurs actions sociales, en respectant les choix prioritaires de ces dernières».
Par Dieynaba KANE – dakne@lequotidien.sn