Lundi noir à Ziguinchor ! Même aux heures les plus sombres de la rébellion casamançaise, la capitale du Sud a rarement vécu des moments comme ceux d’hier. Une pluie de lacrymogènes est tombée sur la ville qui a été bloquée et gazée durant toute la journée jusque tard dans la nuit. A un moment, on ne voyait de ruelle fonctionnelle, aucun véhicule qui circule, seules des motos Jakarta ont pu rouler en faisant des détours pour contourner les obstacles.

C’est dire que le calvaire des habitants de la Cité Keur Gorgui, les jours de convocation par la Justice du leader du parti Pastef, a été transféré à Ziguinchor, précisément au quartier Néma Kadior où toutes les routes qui mènent chez le maire ont été barrées. La gendarmerie et la police ont fait le pied de grue «pour arracher Ousmane Sonko» aux siens. Mais les Forces de sécurité devaient en même temps gérer une jeunesse intraitable et indomptable.

En effet, des centaines de jeunes s’étaient réunis devant le domicile du leader du parti Pastef à Néma Kadior, tôt le matin, d’autres y ayant même passé la nuit.
Les heurts sont survenus lorsque la police est venue les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes. Et comme on pouvait s’y attendre, les partisans de Ousmane Sonko ont riposté avec des jets de pierres.

Ils accusent le pouvoir d’«instrumentaliser la justice» pour empêcher leur leader politique de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.

Le leader du parti Pastef, en maille à partir avec la Justice, a pu compter sur le soutien total et complet des maires et présidents de conseil départemental de toute la Casamance et au-delà. Des patriotes et leurs sympathisants ont pris, qui des avions, bateaux, pirogues, qui des voitures et autres moyens de transport pour rallier la ville de Ziguinchor. Ils soupçonnent des manœuvres pour kidnapper Ousmane Sonko, «rendre la ville ingérable afin d’installer une délégation spéciale à la commune de Ziguinchor».

Les rumeurs les plus folles font état «de snipers qui viendront avec des hélicoptères pour percer la terrasse de Sonko et le kidnapper». D’autres affirment que le maire serait hors de sa commune. «Ousmane est bel et bien à Ziguinchor», a déclaré une personne qui aurait déjeuné avec lui.

La police a matraqué les jeunes
Dans la matinée, plusieurs blessés dont certains très graves, parmi les partisans de Ousmane Sonko, ont été évacués dans différentes structures hospitalières. La police, la gendarmerie, le Gmi ont matraqué durant toute la journée, les jeunes qui ont investi les rues. Certains avaient des cibles précises parmi lesquelles, les domiciles de responsables politiques de la mouvance présidentielle et des structures publiques. Même les professionnels de l’information et de la communication ne sont pas épargnés. Les locaux de la radio Kassoumay Fm ont été saccagés par les manifestants. De même que les locaux de l’Alliance française de Ziguinchor, qui ont subi la furie incendiaire des manifestants.

Déjà la veille, tous les souffles étaient presque retenus. Les Ziguinchorois ont dû dormir sur une seule de leurs oreilles. Au petit matin, la tension était palpable. Beaucoup d’écoles ont renvoyé leurs élèves par mesure de sécurité. Le transport en commun fonctionnait au ralenti. Les difficultés qui commencèrent annonçaient déjà une journée chaude. Ce qui a été confirmé tout au long de la matinée. Actuellement, la ville de Ziguinchor vit des heures confuses.