Les insurgés ont franchi une étape majeure de leur offensive, quelques heures après la prise de Ghazni, à 140 km au sud-ouest de Kaboul, qui les a rapprochés dangereusement de la capitale.

Les talibans se sont emparés jeudi 12 août d’Herat, la troisième ville d’Afghanistan, dans l’Ouest du pays, une étape majeure de leur offensive quelques heures après la prise de Ghazni, à 140 kilomètres au sud-ouest de Kaboul, qui les a rapprochés dangereusement de la capitale.
Les insurgés «ont tout pris», a assuré à l’Agence France-Presse (Afgp), un haut responsable des forces de sécurité sur place, précisant que les forces afghanes avaient battu en retraite «pour empêcher plus de dommages dans la ville» et se retiraient vers une base militaire située à Guzara, un district voisin.
Les talibans ont hissé leur drapeau au-dessus du siège de la police d’Herat en fin de journée, a rapporté un correspondant de l’Afp, précisant que les rebelles n’avaient rencontré aucune résistance. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, a annoncé sur Twitter : «L’ennemi a fui… Des dizaines de véhicules militaires, armes et munitions sont tombés dans les mains [des talibans].»
Herat, située à 150 km de la frontière iranienne et capitale de la province du même nom, était déjà assiégée, avec de violents combats à ses abords. Les insurgés ont pris le contrôle ces dernières semaines de la quasi-totalité du reste de la province, dont Islam Qala, le poste-frontière avec l’Iran, le plus important d’Afghanistan.
La prise d’Herat représente l’une des victoires les plus importantes pour les talibans, qui ont pris 11 des 34 capitales provinciales d’Afghanistan en une semaine. Selon des témoins cités par l’agence de presse Associated Press (Ap), les combattants se sont précipités devant la grande mosquée de la ville et se sont emparés des bâtiments gouvernementaux. Des témoins ont également dit avoir entendu des coups de feu sporadiques dans un bâtiment gouvernemental.
Plus tôt dans la journée, les insurgés islamistes avaient pris le contrôle de la ville de Ghazni, capitale de la province du même nom. Nasir Ahmad Faqiri, chef du conseil de la province de Ghazni, cité par l’Afp, affirme que «l’essentiel » de la ville «est tombé aux mains des talibans ce matin. Ils ont pris le contrôle de zones-clés : le bureau du gouverneur, le quartier général de la police et la prison».
Le gouvernement a reconnu que Ghazni était tombée, mais assuré que des combats y étaient toujours en cours. «L’ennemi a pris le contrôle de Ghazni. (…) Il y a des combats et de la résistance [de la part des forces de sécurité]», a confirmé Mirwais Stanikzai, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, dans un message WhatsApp adressé aux médias.
M. Stanikzai a, ensuite, annoncé que le gouverneur de la province avait été arrêté par les forces de sécurité, après qu’une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, mais dont l’authenticité n’a pu être immédiatement vérifiée, l’a montré quittant Ghazni avec la bénédiction des talibans. Les talibans, eux, ont revendiqué la prise de la ville en diffusant des vidéos et des photos en ligne.
Ghazni est désormais la capitale provinciale aux mains des talibans qui est la plus proche de Kaboul. Outre une nouvelle victoire militaire médiatisée, elle fournit aux talibans un avantage opérationnel : ils se rapprochent de la capitale à la fois par le Nord, après avoir fait tomber mardi la ville de Pol-e Khomri, et désormais par le Sud.

Kaboul encerclée du Nord au Sud
Contrôler Ghazni leur permet aussi d’influer sur l’axe reliant Kaboul à Kandahar, la deuxième plus grande ville afghane du Sud. Même si les talibans étaient déjà présents depuis longtemps dans les provinces de Wardak et Logar, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul, la chute de Ghazni est un signal très inquiétant pour la capitale. Sa prise permet aux insurgés de couper les lignes de ravitaillement terrestres de l’Armée vers le Sud et va encore accentuer la pression sur l’armée de l’air afghane.
Selon une étude des services secrets américains, citée par Ap, si l’offensive talibane continue à ce rythme, la ville de Kaboul pourrait tomber sous leur contrôle d’ici à trente jours – et l’ensemble de l’Afgha­nistan dans quelques mois.
Le Monde