Malgré de grosses difficultés de financement, le Festival du film documentaire de Saint-Louis s’est ouvert le lundi dernier. Jusqu’aujourd’hui, plus de 70 films issus des résidences d’écritures organisées par Africadoc et du Master de Réalisation de documentaire de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb) sont présentés entre la Place Faidherbe, l’institut Français ou encore le Château à Ndar Toute. Cette année, c’est la réalisatrice sénégalaise Angèle Diabang qui a été mise à l’honneur pour le Sargal Doc.

La 5e édition du Festival du Film documentaire de Saint-Louis de cette année, est une édition spéciale dans la mesure où la structure qui organise le festival fait face à de graves difficultés de financement. Ces difficultés qui ont entrainé l’arrêt du Master de réalisation documentaire de l’Université Gaston Berger de Saint Louis (Ugb), n’ont entre autres, pas permis d’organiser les Rencontres de Coproduction qui permettaient chaque année de mettre en relation auteurs et producteurs. A la place, les organisateurs ont opté pour l’organisation d’une édition spéciale qui fait la rétrospective de l’immense catalogue documentaire qui a été réalisé depuis le démarrage d’Africadoc au Sénégal au début des années 2000. Ainsi, ce sont des dizaines de films issus de ce programme qui ont été projetés dans la ville de Saint-Louis.
Le coup de sifflet a été donné le lundi soir dernier avec la projection du film Yande Codou, la griotte de Senghor de Angèle Diabang. Cette dernière est la réalisatrice à l’honneur du festival de cette année. Un Sargal Doc qui lui est décerné après l’Egyptienne Jihan el Tahri, après Ousmane William Mbaye, Malik Ben Smail et Safi Faye l’année dernière. Les œuvres de Angèle Diabang, dont son dernier film sur le Prix Nobel de la Paix, le Dr Dennis Mukwege, ont ainsi été projetés à la Place Faidherbe et dans d’autres lieux de projection.
Selon le coordonnateur d’Africadoc, Dominique Ollier, cette année de transition est mise à profit pour revisiter le catalogue Africadoc. «On s’est dit qu’on fait une rétrospective des films qui ont compté et qui ont marqué l’histoire du réseau Africadoc, avec un focus sur les films développés dans le cadre du Master. Il y a beaucoup de films qui vont être présentés au Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds) pendant toute la semaine et sur différents lieux de la ville. Il y aura aussi d’autres films qui ont eu du succès dans des festivals, des films qui sont issus de résidences d’écriture ou du Master et qui ont été présentés lors des rencontres de coproduction», a indiqué M. Ollier. A la fin de cette semaine de projection, un catalogue de 200 films sera présenté. «A la fin de la semaine, il y a un catalogue qui va être édité avec les 200 films qui ont été accompagnés. Depuis 15 ans, c’est la première fois qu’on édite un tel outil pour dire, voilà ce qui a été fait et commencer à écrire une nouvelle page.»

De nouvelles
collaborations
Cette nouvelle page va s’écrire avec de nouvelles collaborations. Le festival de cette année va ainsi permettre à Africadoc de jeter des ponts vers d’autres organismes de formation. «On a voulu profiter de cette édition pour tisser des liens avec d’autres réseaux de formation qui existent en Afrique ou ailleurs. Donc, on s’est rapproché des Ateliers Varans qui avaient été créés par Jean Rouch il y a trente ans, et qui travaillent dans beaucoup de pays. Ils ont une autre démarche parce qu’ils prennent des gens qui n’ont pas beaucoup d’expérience et les amènent de l’écriture jusqu’à la réalisation de leur court métrage. Il y a aussi le Gsara qui est un organisme qui est en Belgique et qui avait commencé à faire des courts métrages ici à Saint-Louis en 2008. Ils avaient accompagné une dizaine de jeunes auteurs sénégalais et on retravaille avec eux pour essayer de voir comment on pourrait faire un pont avec le Master de réalisation documentaire qui n’a plus de financement et chercher d’autres pistes avec le complément de la Direction du cinéma», explique M. Ollier qui souligne que l’idée, c’est de développer de nouvelles formes de coopération.
Ainsi, plus de 70 films vont être présentés au public saint-louisien qui, au fil des années, s’est ouvert au documentaire grâce à l’effet conjugué du Master de réalisation documentaire et du Festival de films documentaires. Cette année encore, des centaines de jeunes scolaires vont pouvoir regarder des films de tous les pays. «Il y a beaucoup plus de films que les autres années. En journée, il y a beaucoup de projections pour les scolaires, lycées, collèges et écoles primaires. Deux équipes sont mobilisées simultanément et des projections ont lieu tous les après-midi à l’Institut français et sur la Place Faidherbe, au Château à Ndar Toute», informe le coordonnateur.