«Sunu Lamb» et «Stades», deux titres emblématiques du Groupe Africome, ont été retirés des kiosques à compter de ce 3 août 2024 avec en sus, le licenciement de 20 journalistes et techniciens. Le Directeur de publication de ces titres, par ailleurs président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps) qui en fait l’annonce, explique cette décision par un environnement très hostile, la pression fiscale et la crise dans le monde.Par Mame Woury THIOUBOU –

La presse sénégalaise est en souffrance, et les premières victimes commencent à tomber. Le groupe de presse Africaine communication édition (Afri­come) vient d’annoncer que la parution des quotidiens Stades et Sunu Lamb sur support papier a été suspendue depuis le samedi 3 août 2024. Mamadou Ibra Kane, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse (Cdeps) qui donne lui-même l’information, indique que la suppression de ces deux quotidiens dont il est le directeur de publication, est une conséquence de cette «crise économique et sociale» qui frappe le secteur de la presse depuis une décennie. «La presse sénégalaise connaît une crise sans précédent depuis une décennie, crise exacerbée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine», soutient le patron de presse. Et pour sa société Africome, M. Kane indique que depuis deux ans, elle «connaît des exercices déficitaires, des dettes colossales vis-à-vis de ses fournisseurs (particulièrement étrangers pour son approvisionnement en intrants), des retards de paiement des salaires, l’arrêt du paiement des cotisations sociales et des frais pour la couverture maladie…».

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Sans beaucoup d’optimisme, M. Kane prédit que la série de morts d’entreprises de la presse risque de s’allonger dans les prochains mois. «Cette crise économique et sociale n’est pas propre à Africome, et les entreprises du secteur des médias risquent de tomber comme des mouches», prédit-il. Une première vague de licenciements au sein d’Africome concerne déjà 20 journalistes et techniciens des médias. «Dans les prochains jours, une seconde vague de licenciements va concerner le personnel technique et administratif», assure M. Kane.

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Les derniers évènements, l’annulation par le Président Bassirou Diomaye Faye de l’amnistie fiscale accordée par l’ancien Président Sall aux entreprises de presse, le blocage de comptes bancaires de plusieurs entreprises de presse, sont autant d’écueils qui se sont dressés ces derniers mois sur le chemin des membres du Cdeps. «Aujourd’hui, les médias sénégalais évoluent dans un environnement très hostile, marqué par la pression fiscale, l’absence de loi sur la publicité, un financement à des taux prohibitifs, l’inexistence de fonds pour la digitalisation des médias nationaux…», constate avec désolation Mamadou Ibra Kane.

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Stades et Sunu Lamb, qui disparaissent aujourd’hui des kiosques, ont été des précurseurs dans le paysage médiatique sénégalais. «Premier quotidien sportif de l’histoire de la presse sénégalaise, Stades, «le quotidien du sport», a été créé en janvier 2003. Depuis toute cette période jusqu’à samedi dernier, Stades a été le leader de la presse sportive, premier ou deuxième tirage de l’ensemble de la presse quotidienne nationale. Durant 21 ans d’existence, Stades est paru sous six mille deux cent vingt-huit (6228) numéros, pour un tirage global de plus de deux cents millions d’exemplaires. Le journal Sunu Lamb, seul quotidien de lutte au monde, a été créé en décembre 2004. «Le quotidien des arènes sénégalaises» détient le record de tirage de la presse quotidienne nationale sur un jour, avec des pointes de 150 mille exemplaires, pour un tirage global de plus de 160 millions d’exemplaires en 20 ans d’existence», indique le directeur de publication des deux quotidiens.
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