Après la Cedeao qui a décidé de mobiliser 600 milliards F Cfa, l’Uemoa va aussi injecter 300 milliards F Cfa dans la lutte contre le terrorisme. C’est une question de survie pour cette sous-région ravagée par des attaques meurtrières quasi-quotidiennes dans plusieurs pays.

L’Afrique de l’Ouest dont une partie est ensanglantée par le terrorisme essaie de trouver le meilleur remède pour se prémunir. Le mois dernier, la Cedeao avait annoncé un plan de 600 milliards F Cfa pour financer la lutte contre le djihadisme. Elle est rejointe dans sa stratégie de guerre par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui s’engage aussi dans la lutte contre le terrorisme. Elle a décidé jeudi de mobiliser 500 millions de dollars américains pour atteindre ce monumental objectif. «L’Uemoa a décidé de mobiliser 500 millions de dollars américains en guise de contribution dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace communautaire», a laissé entendre Macky Sall lors de son allocution à la réunion sur le financement de la sécurité dans l’espace Uemoa qui s’est tenue au Cicad. «Nous n’avons pas le choix. Nous sommes obligés d’agir dans l’urgence parce que les groupes terroristes ne laissent aucun répit à certains pays. La situation qui prévaut dans notre région ne cesse d’empirer (…). Certains pays font face à des attaques quasi quotidiennes», a ainsi légitimé le Président Sall, affirmant que le Sahel est devenu l’épicentre du terrorisme international. «Sans la paix et la sécurité, tout devient aléatoire. C’est une condition de vie ou de mort pour nos pays», a-t-il encore insisté. Président du comité de haut niveau sur la sécurité et la paix de l’Uemoa, le Président Macky Sall a fait savoir que cette contribution s’inscrit en droite ligne de la décision de la Cedeao lors du sommet du 13 septembre à Ouagadougou (Burkina Faso). La Cedeao avait décidé en fait d’allouer 1 milliard de dollars (600 milliards F Cfa) à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. «Nous avons pris la décision de mobiliser 500 millions de dollars (300 milliards F Cfa) pour notre contribution à la lutte pour notre survie. Nous sommes capables de mobiliser par nous-mêmes nos ressources propres. Nous voulons donner le signal que nous sommes capables d’agir», a assuré le Président béninois Patrice Talon, d’avis que cette initiative vient mettre fin à la politique de «la main tendue» entretenue depuis des années par l’Afrique. L’exemple du G5 Sahel dont l’opérationnalité militaire est plombée par le recours à un financement étranger, qui tarde à se concrétiser, en est l’amère illustration. Les Etats ouest-africains veulent changer de paradigme pour assurer leur propre sécurité. «Ce qu’on retient essentiellement, c’est notre attente de soutien. La seule image qu’elle a donnée au reste du monde et à la communauté internationale est celle de la main tendue (…). La décision de Ouagadougou a mis fin à cette perception», s’est ainsi réjoui Talon. Deux ateliers ont été mis en place après la cérémonie d’ouverture de la rencontre. L’un, avec les ministres des Finances des pays membres et les membres des institutions financières, va travailler à «définir les modalités de mobilisation des ressources, principalement la gouvernance des fonds» et l’autre, avec les ministres de la Défense et chefs d’état-major, pour élaborer «les propositions relatives au cadre d’échanges de coordination des stratégies sécuritaires d’opérationnalisation des actions en cours» dans la sous-région, ébranlée par des attaques terroristes meurtrières. Une véritable question de survie…