Winnie Mandela, sa fille Zenani, George Bizos, son avocat de l’époque, et de nombreux vétérans de la lutte contre l’apartheid sont venus rendre hommage à Ahmed Kathrada. Tous ont salué un homme discret, humble, mais déterminé. Chacun avec sa petite anecdote. Son avocat George Bizos, par exemple, s’est souvenu de lui comme le détenu le plus intelligent auquel le régime ait été confronté.
Kathrada, d’origine indienne, refusait tout favoritisme que lui proposaient ses gardiens durant son incarcération à Robben Island. D’autres se sont rappelés son militantisme. Même s’il n’a été en politique que quelques années, puisqu’il a été député et conseiller du président Nelson Mandela pendant son mandat. Kathrada est resté très actif par la suite. L’année dernière, il s’était rendu à une manifestation étudiante pour encourager les jeunes qui protestaient pour obtenir une éducation gratuite.
D’autres se sont rappelés un homme intègre. Un des vétérans a rappelé que Kathrada était fier de la lutte de son pays, mais aussi triste par l’état de son parti, l’Anc sous l’actuel président Jacob Zuma. Parmi les autres hommages, celui également de Desmond Tutu, l’ex-archevêque du Cap et prix Nobel de la paix qui a salué un «homme d’une ténacité remarquable», et la conscience morale du mouvement.
Dernier combat
pour l’Anc
L’enterrement d’Ahmed Kathrada est prévu pour ce mercredi, mais il y a déjà quelques tensions qui apparaissent autour de ces funérailles. La cérémonie est prévue au cimetière de Westpark à Johannesburg, un enterrement officiel en présence du chef de l’Etat. Et on a appris que la famille d’Ahmed Kathrada aurait demandé à ce que le président Jacob Zuma ne s’exprime pas.
Pour rappel, l’année dernière Kathrada avait pris le chef de l’Etat à partie lui demandant de démissionner suite aux nombreux scandales dans lesquels Jacob Zuma est embourbé. Dans une lettre rendue publique, il avait déploré l’état de son parti, la corruption, le népotisme, ajoutant qu’il ne s’était pas battu pour en arriver là.
Et d’ailleurs, Kathrada, ainsi que d’autres vétérans, avaient demandé à rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire part de leur préoccupation, sans succès. Les dérives et la corruption au sein de son propre mouvement de l’Anc, le mouvement auquel il a donné sa vie, auront donc été son dernier combat.
rfi.fr