Après une journée marathon où il a d’abord annoncé son refus de quitter le pouvoir, le Président sud-africain a donné sa démission hier soir avec «effet immédiat».

L’issue paraissait inévitable pour le Président sud-africain. Jacob Zuma a choisi de ne pas affronter la motion de défiance lancée contre lui par son propre parti, l’Anc. Après quarante-huit heures de pression terrible, ses mots tombent comme un couperet : «J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», a déclaré Jacob Zuma lors d’une allocution retransmise en direct à la télévision. Visage ouvert, tête baissé, et d’une voix rapide, le chef de l’Etat, âgé de 75 ans, a expliqué aux sud-africains : «je dois accepter que mon parti et mes compatriotes veulent me renvoyer», a-t-il ajouté, assurant avoir «toujours été un membre discipliné de l’Anc» en 55 ans de présence. Le vice-président Cyril Ramaphosa assurera dès lors l’intérim, il devrait prêter serment vendredi pour prendre la Présidence du pays.

Une journée marathon
Le Président sud-africain Jacob Zuma a refusé dans un premier temps ce mercredi 14 février de dire s’il accepterait ou pas de démissionner, ainsi que le lui a ordonné son parti le Congrès national africain (Anc), et il a renvoyé l’annonce de sa décision à une déclaration solennelle plus tard dans la journée. Lors d’un entretien à bâtons rompus diffusé en direct par la télévision publique Sabc, Jacob Zuma était sorti du silence qu’il observe depuis son «rappel» par l’Anc pour défendre son refus de quitter sur le champ le pouvoir. «C’est très injuste que ce sujet soit soulevé en permanence», a estimé le chef de l’Etat, «je n’ai rien fait de mal (…), je suis en désaccord avec la décision» du parti.
Plus tard dans la journée, les services de la Présidence ont annoncé son allocution pour 20 heures. Sa démission est intervenue à la fin d’un long discours dans lequel il a dit qu’il n’était pas d’accord avec la façon dont l’Anc avait agi envers lui. Après des semaines de tractations et de réunions, le parti au pouvoir avait exigé mardi la démission du Président Zuma, empêtré dans des scandales de corruption.
Faute d’une réponse de sa part, le parti avait décidé mercredi à la mi-journée de le forcer à quitter le pouvoir, en annonçant le vote dès jeudi d’une motion défiance dont l’issue ne faisait aucun doute. «J’ai été contraint de démissionner en raison de la motion de défiance», a expliqué le Président lors de son allocution. «Aucune vie ne devrait être perdue en mon nom. L’Anc ne devrait jamais être divisé en mon nom. Je suis donc venu à la décision de démissionner en tant que président de la République avec effet immédiat.»
Le pouvoir de Jacob Zuma a commencé à vaciller depuis l’élection en décembre à la tête de l’Anc du vice-président Cyril Rama­phosa, qui avait axé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Ce dernier était déterminé à pousser au plus vite vers la sortie le Président Zuma, devenu trop encombrant en vue des élections générales de 2019.
Conformément à la Constitution, Cyril Ramaphosa est devenu le président de la République par intérim dès la démission de Jacob Zuma. Le Parlement doit encore, dans les trente jours, l’élire formellement à ce poste. L’élection devrait être organisée d’ici vendredi.

Les réactions s’enchaînent
«Cette décision du Président Zuma est conforme à ce que nous avons dit plus tôt aujourd’hui : qu’il n’a jamais défié et ne défiera jamais son organisation», a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’Anc, Jessie Duarte, immédiatement après l’annonce.
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