La baisse du coût de l’électricité préoccupe Sos consommateurs dont le président, Me Massokhna Kane, trace les voies pour y parvenir. Il les a déclinées lors de l’Assemblée générale ordinaire de l’organisation consumériste tenue samedi. D’autres aspects touchant aux droits des consommateurs y ont été adressés, ainsi que les difficultés auxquelles les consommateurs font face.

Par Amadou MBODJI – 

Me Massokhna Kane, président de Sos consommateurs, indique la voie à suivre pour faire baisser le prix de l’électricité au Sénégal. «Ça fait plus de 10 ans qu’on en parle. Et ça fait 2 ans qu’on a relancé cette restructuration de la Senelec, c’est-à-dire l’éclater en plusieurs sociétés : filiale production, filiale transport et filiale distribution et vente. Tant que ce dégroupage n’est pas fait, l’électricité coûtera toujours très cher au Sénégal, au détriment des familles et des entreprises. La Senelec doit être éclatée», a plaidé le président de Sos consommateurs. Il intervenait samedi, lors de l’Assemblée générale de l’organisation consumériste.

Pour rappel, cette filialisation de la Société nationale d’électricité a été prévue dans le cadre de la mise en œuvre du second compact du Millenium challenge account (Mca) Sénégal. Cela, conformément au dernier Code de l’électricité qui a été adopté sous le régime de Macky Sall. La Senelec devait perdre le monopole de la vente d’électricité.

Revenant sur  la fraude sur l’électricité, Sos consommateurs continue de contester les chiffres de la Senelec. La Senelec, d’après Me Kane, profère des accusations infondées. «La Senelec a toujours accusé des gens présumés fraudeurs, alors qu’ils ne le sont pas. On a eu à défendre énormément de gens contre la Senelec, et il s’est avéré qu’en réalité, c’était de l’abus. Il y a de la fraude, mais dans des proportions qui n’ont rien à voir avec celles qui sont indiquées par la Senelec. Par exemple, en 2024, la Senelec avait dit qu’elle a été victime de fraude pour 100 milliards de francs. Nous avons demandé des preuves. Mais jusqu’à présent, aucune preuve n’a été donnée», fustige l’avocat. Il poursuit : «Nous avons saisi la Commission de régulation du secteur de l’énergie pour ordonner une enquête sur l’ampleur de cette fraude et sur les mécanismes de fraude. Et ils ont répondu favorablement, et cette enquête sera menée.»

Il y a énormément de fraude au Sénégal. Mais «celle opérée sur l’électricité est un véritable fléau, qui cause des pertes estimées entre 60 et 90 milliards de francs Cfa par an. C’est une activité criminelle qu’il faut combattre, parce qu’elle impacte négativement la production et la distribution de la Senelec», avait soutenu le Directeur général de la Senelec, Papa Toby Gaye, lors d’un atelier de l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (Ajtrepe), tenu à Somone au mois de mai 2025.

Me Kane et ses collaborateurs sont également sur d’autres fronts, notamment la hausse des tarifs de Canal. Ils exigent l’annulation de cette augmentation intervenue depuis juillet dernier. Sos Consommateurs dit avoir saisi l’Etat et le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), et espère obtenir gain de cause. Toutefois, l’organisation de défense des consommateurs reste confrontée à des difficultés financières. Il n’y a que l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) qui lui alloue une subvention.
«Aujourd’hui, l’Artp est peut-être le seul organisme qui nous vient en aide. Nous les remercions vraiment pour cela. Cependant, nous avons été sollicités récemment par un autre organisme pour nous donner une subvention de 300 000 francs. Mais nous ne pouvions pas accepter cette subvention, parce que nous considérons qu’une subvention pour une association devrait dépasser ce montant. Et ensuite, il y a la forme et beaucoup d’autres choses derrière. Les associations de défense des consommateurs méritent plus que cela», soutient Dr Momar Kane, vice-président de Sos consommateurs. Qui déplore aussi le non- respect des cotisations par les membres.

Sos Consommateurs a profité de l’occasion pour demander au ministère du Commerce et de l’industrie de lui octroyer un agrément. Ce qui permettra à l’association, selon son président, d’exercer l’action collective devant les juridictions. Car c’est une demande qui a été consacrée, dit-il, par la loi de 2021 sur les prix et la protection du consommateur.
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