Trois jours durant, des agriculteurs d’Afrique et d’Europe, plus de 400, ont discuté de la problématique de la conservation, de la protection et de la reconnaissance de la semence paysanne pour une souveraineté alimentaire. C’était du 12 au 14 novembre dans le village de Djimini, département de Vélingara, à l’occasion de la Foire ouest-africaine des semences paysannes organisée par l’Aspsp. En se séparant, ils ont demandé aux décideurs politiques d’Afrique d’adopter des textes favorables à la préservation de la semence paysanne.
Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) – La 8e édition de la Foire ouest-africaine des semences paysannes de Djimini, village situé dans le département de Vélingara, qui s’est déroulée du 12 au 14 novembre, a baissé ses rideaux dans la soirée du jeudi passé. Avant de se dire au revoir, les quelques 400 participants, militants de la semence dite paysanne venus d’Afrique et d’Europe, ont produit une déclaration commune lue par Mme Salimata Pam du Sénégal. Dans la déclaration dont copie est parvenue au journal Le Quotidien, on peut lire : «Les semences paysannes représentent près de 80% des semences utilisées dans les champs. Bien qu’elles ne soient pas promues par les Etats, elles constituent le socle de notre autonomie semencière sans laquelle on ne peut parler de systèmes alimentaires durables.» Malheureusement, poursuit le texte, «l’harmonisation des politiques et des lois semencières, très souvent influencée par des acteurs privés, favorise les semences industrielles et criminalise les systèmes semenciers paysans». Aussi, la présente édition de la Foire de Djimini, qui a réuni 17 pays membres, alliés et sympathisants du Comité ouest-africain des semences paysannes (Coasp) qui collabore, dans cette aventure depuis 16 ans, avec l’Association sénégalaise des semences paysannes (Aspsp), exhorte «les décideurs aux niveaux national, sous-régional et régional à adopter des cadres réglementaires favorables aux systèmes semenciers paysans et qui combattent la biopiraterie».
Aux paysannes, la foire suggère «de continuer de jouer leur rôle dans la conservation et la transmission générationnelle des semences au sein des communautés».
Et puis aux organisations de la Société civile, elle invite à «initier des plateformes de dialogue entre paysans, autorités, chercheurs et Société civile, afin d’intégrer les systèmes semenciers paysans dans les stratégies de quête de la souveraineté alimentaire».
Cette édition avait pour thème : «Autonomie semencière et souveraineté alimentaire : enjeux et défis pour la semence paysanne.» Il ne s’agissait pas d’une foire commerciale, mais plutôt d’une foire d’échanges et de partage de semences, de pratiques, de savoirs et de savoir-faire paysans. Pendant 3 jours dans ce petit village à 2 km de la ville de Vélingara, plusieurs ateliers ont traité de thèmes tels que «Valorisation des variétés traditionnelles de semences de riz en Casamance», «Le rôle de la femme rurale dans l’autonomie semencière et la souveraineté alimentaire», «Les modalités de stockage et d’approvisionnement en semences en milieu paysan», «Mise à niveau du cadre juridique et règlementaire des systèmes semenciers paysans», etc.
Pour comprendre la démarche des militants de la semence paysanne, Alihou Ndiaye, coordonnateur de l’Aspsp, a informé : «La semence paysanne est véritablement un don de Dieu, naturelle, hétérogène, non vendable. C’est une matière vivante, membre à part entière des communautés qui ont su la sélectionner, la conserver, la perpétuer. C’est pourquoi le paysan ne pense jamais privatiser sa semence, contrairement aux industriels qui l’ont labellisée, stabilisée pour la privatiser, la commercialiser finalement. Une manière d’ôter au paysan sa souveraineté semencière et alimentaire.»
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