Ce produit, peu usité au Sénégal, sert à protéger les récoltes de l’aflatoxine.

Le ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire a octroyé trois cents tonnes d’Aflasafe aux producteurs de la région de Kaolack engagés dans le programme maïs hybride, pour aider ces derniers à lutter contre une contamination de leurs productions par l’aflatoxine, a indiqué avant-hier jeudi, un des conseillers techniques dudit ministère, Amadou Lamine Senghor.
«L’Aflasafe, un produit biologique, homologué depuis 2016 par le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss), vise à lutter contre la contamination du maïs ou de l’arachide par les aflatoxines. Ce produit a la capacité de protéger la culture à partir du champ jusqu’à la fourchette», a dit M. Senghor, par ailleurs phytopathologiste.
Il intervenait au cours d’une visite effectuée dans des champs de maïs à Taïba Niassène, dans la région de Kaolack, par une délégation du ministère  de l’Agriculture. Cette visite d’évaluation entre dans le cadre du programme maïs hybride mis en place pour l’atteinte des objectifs de souveraineté alimentaire au Sénégal.
«L’utilisation de ce produit est en phase-test avec le programme maïs pour lequel il est prévu trois cents tonnes aux producteurs», a-t-il précisé, expliquant que «le ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire a également décidé d’octroyer aux producteurs de ce programme maïs cette importante dotation, compte tenu des superficies emblavées».
«C’est une stratégie très importante dans le cadre de la souveraineté alimentaire pour laquelle l’Etat du Sénégal a décidé de mettre en place un programme maïs qui joue aussi un rôle important dans  l’alimentation des humains et du bétail», a ajouté M. Senghor, soulignant que quand «l’alimentation est contaminée, les animaux aussi bien que les humains ne seront pas épargnés».
Amadou Lamine Senghor a relevé que partout où ce produit a été testé, «son utilisation contribue à améliorer les rendements, surtout pour l’arachide qui, avec ce produit, parvient à garder ses feuilles jusqu’à la récolte».
Toutefois, il a reconnu que «la vulgarisation de l’Aflasafe est encore timide au Sénégal, même si  cette année, on a eu la chance d’avoir un ministre (Aly Ngouille Ndiaye) qui a compris l’enjeu autour de l’aflatoxine. Il a ainsi décidé d’octroyer gratuitement ce produit aux producteurs. Ce qui est salutaire, parce qu’il s’agit d’un déclic qui va permettre son utilisation à grande échelle», a-t-il magnifié.
Pour le président du Collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachide, Habib Thiam, cette vision, qui a prévalu à la mise en place de l’utilisation de l’Aflasafe, est  salutaire, surtout qu’elle est intégrée dans le cadre du programme visant l’atteinte de la souveraineté alimentaire. «Ce programme est aujourd’hui salué fortement par tous les producteurs. Le président de la République Macky Sall est à remercier pour son courage d’intégrer l’Aflasafe pour une première fois, dans le programme agricole les hybrides en vue d’assurer une souveraineté alimentaire à notre pays», a fait valoir M. Thiam, par ailleurs spécialiste en production de maïs.
Il estime «inconcevable» que le Sénégal dispose de suffisamment de terres, d’eau et d’un climat favorable à une bonne agriculture, et qu’il continue d’importer du maïs du Brésil et de l’Argentine.
«Nous avons l’espoir d’avoir une productivité minimum de cinq tonnes à l’hectare», a-t-il déclaré, assurant que «si on emblave trente mille hectares, nous pouvons avoir cent cinquante mille tonnes d’extras, compte non tenu de ce qui se faisait jusqu’ici».
Aps