S’il est désormais clair que le Sénégal n’atteindra pas son objectif d’assurer l’autosuffisance en riz cette année, le pays peut se réjouir tout de même des performances de la dernière campagne agricole marquée par une bonne production arachidière, mais aussi une explosion de la production de pastèques qui connaît une hausse de 182%.

Dans quelques semaines, 2017 va s’achever en emportant avec elle les espoirs des Sénégalais de se nourrir du riz qu’ils auront cultivé. Les statistiques fournies au terme d’une mission conjointe effectuée dans le pays par le Conseil inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), le Programme des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao), le Programme alimentaire mondial (Pam),  Fewsnet et le gouvernement du Sénégal ne laissent pas beaucoup d’espoir. En effet, cette mission d’évaluation préliminaire des récoltes de la campagne 2017-2018 conclut que la production de riz paddy est de 1 million 015 mille 334 tonnes. On se rappelle que les objectifs que le gouvernement s’était fixé dans le cadre du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) étaient d’arriver à 1 million 600 mille tonnes de riz paddy et 1 million 080 mille tonnes de riz blanc en 2017. Pour se conformer à cette échéance, le Sénégal a massivement investi dans le secteur rizicole en augmentant à la fois les surfaces emblavées et les équipements mis à la disposition des paysans. Mais au final, ces efforts n’auront pas suffi. L’objectif n’est pas atteint pour le moment, même si de sérieuses avancées ont été notées. En effet, la mission conduite par M. Williams Mas­saoud du Cilss note, par rapport à la production de la campagne 2016-2017, une augmentation de 7%. Mais sur la moyenne des 5 dernières années, la production de riz enregistre une augmentation de 53%.

La pastèque explose
Si le Sénégal rit jaune en ce qui concerne le riz, pour ce qui est de l’arachide, les perspectives sont bonnes puisque la production de cette année est en hausse de 42% par rapport à celle de l’année précédente, soit 1 million 411 mille 574 tonnes. Par rapport à la moyenne des 5 dernières années, la mission note une augmentation de 73%.  Mais la surprise vient de la pastèque avec une production de 801 mille 417 tonnes, soit une hausse de 182% par rapport à la campagne précédente et de 263% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. De la même manière, les productions de mil, de sorgho, de fonio et de maïs sont également en hausse avec respectivement 891 mille 069 tonnes (en hausse de 37%), 225 mille 696 tonnes (en hausse de 27%), 4 024 tonnes (en hausse de 7%) et 417 mille 259 tonnes (en hausse de 21%).
D’autres cultures gagnent également du terrain. C’est le cas du sésame qui enregistre une augmentation de 81% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, soit une production de 14 mille 033 tonnes. Pour le manioc, avec 760 mille 455 tonnes, la production affiche une hausse de 8% par rapport à l’année précédente et une augmentation de 119% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. L’oignon, quant à elle, affiche une toute petite hausse  de 2% avec 400 mille tonnes.

Plus de transparence
La mission conjointe, qui a eu lieu entre le 6 et le 10 novembre, répond à un impératif de transparence, indique le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Pape Abdoulaye Seck. Après les multiples controverses qui ont accompagné ces dernières années la publication des statistiques agricoles, le ministère a choisi d’opter pour une séance publique de restitution. «En tout état de cause, le gouvernement du Sénégal acceptera les résultats de la commission conjointe, car nous estimons que lorsque nous avons des organes, nous devons aussi respecter les analyses provenant d’elles. Cela permet de renforcer la crédibilité des organes que nous créons ensemble», indique Dr Seck dans ses propos liminaires.
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