Une centaine d’acteurs agroécologiques ont bénéficié, pendant une semaine, d’un renforcement de capacités sur les pratiques agroécologiques au Centre de formation et de démonstration des bonnes pratiques agroécologiques paysannes Karonghène Wati naaning de Niaguis. La 3e édition dont les rideaux sont tombés, a porté sur la production et l’utilisation des bioprotecteurs.Par Khady SONKO –

«Les acteurs ne peuvent adopter les pratiques agroécologiques sans avoir de connaissances sur les bonnes pratiques agroécologiques», considère la coordinatrice du Centre de formation et de démonstration des bonnes pratiques agroécologiques paysannes Karonghène Wati naaning de Niaguis, Mariama Sonko.

C’est dans cette dynamique que le mouvement panafricain «Nous sommes la solution» (Nss), fort de 14 associations faîtières, a implanté des fermes agroécologiques dans les pays membres. «Au niveau de chaque association faîtière, on est en train de mettre en place des fermes d’expérimentation et de renforcement de capacités sur les bonnes pratiques agroécologiques. Ces espaces vont nous permettre non seulement de nous renforcer en tant qu’acteurs, mais de permettre à d’autres de bénéficier de nos petites connaissances», expli-que Mariama Sonko. A l’en croire, les femmes rurales jouent un rôle central dans la pratique agroécologique. Elles étaient d’ailleurs au cœur du camp agroécologique qui a regroupé, la semaine dernière, des techniciens, animateurs et leaders de Nss pour être capacités sur la production des bioprotecteurs et comment les utiliser. «C’est un pool de formateurs qu’on est en train de former pour pouvoir vulgariser les bonnes pratiques agroécologiques au profit des communautés», a expliqué Mariama Sonko.

Les modules dispensés étaient spécifiques. «Ce sont de nouvelles technologies. 8 modules sont déjà dispensés, nous pensons pouvoir faire 9 modules à la fin du camp», a indiqué Mme Sonko. «On peut s’alimenter sainement et préserver notre environnement dans la durabilité. Les êtres humains sont en train de se multiplier, alors que la terre et les ressources diminuent. Donc, nous devons adopter des pratiques qui vont nous permettre de pouvoir exploiter ce que nous avons dans la durabilité», dixit Mariama Sonko.

Pour la coordinatrice du mouvement panafricain «Nous sommes la solution (Nss)» en Guinée, il est urgent et indispensable d’utiliser les pratiques agroécologiques vu la réalité du changement climatique, la dégradation des sols dans tous les pays à travers le monde. «Cela n’est pas simple, à cause de ce que nous sommes en train d’exercer sur nos terres, en l’occurrence l’utilisation abusive des intrants», a déploré Sia Anne Marie Kamano. Elle attend du camp agroécologique et des participants, une prise de conscience sur l’importance des pratiques agroécologiques. «Ce n’est pas une alternative, mais une voie noble à suivre pour atteindre des objectifs tels que la souveraineté alimentaire. Faire vivre nos populations avec une alimentation saine dans un environnement sain», a plaidé Sia Anne Marie Kamano.

Des leaders, des relais, des membres d’associations ont pris part au camp agroécologique qui a duré une semaine. Ils y ont appris des prérequis à la production des bioprotecteurs et leur utilisation. «C’est un ouf de soulagement. Après ce camp, tous les participants vont divulguer, faire la même chose chez eux, apprendre aux autres ces techniques et pratiques agroécologiques, mais surtout pratiquer eux aussi», espère Sia.

Un appui du Fonds mondial pour l’agroécologie
Pour la coordinatrice pour l’Afrique du Fonds mondial pour l’agroécologie, il n’y a que les pratiques de la biodiversité qui peuvent permettre la sauvegarde de la biodiversité. «Le grand défi, c’est la souveraineté alimentaire. Le plus important, ce n’est pas d’avoir de quoi manger, mais d’où vient ce que l’on mange, est-ce qu’on est indépendant. Pendant le Covid-19, il y a eu des zones où il y a eu la famine, parce que les gens ne cultivent pas ce qu’ils mangent. Pour nous, l’agroécologie permet de nourrir les communautés. Nous pensons que ce sont ces types de système alimentaire qui sont durables et qu’il faut soutenir pour qu’au moins les communautés soient autosuffisantes et souveraines dans la production alimentaire», a développé Tabara Ndiaye.

Le mouvement panafricain Nss qu’elle accompagne depuis des années, vise trois objectifs : promouvoir les savoirs et savoir-faire paysans qui ont longtemps soutenu la souveraineté alimentaire en Afrique, arriver à influencer les décideurs pour une meilleure gouvernance agricole et valoriser les produits issus de la pratique agroécologique. «Nous sommes en train de promouvoir des pratiques agroécologiques. Nous devons être conscients que tout ce que nous sommes en train de vivre tel que le changement climatique est dû à nos actions. Mais nous pouvons être la solution de nos propres problèmes. Et pour ce faire, nous devons corriger tous les problèmes que nous avons causés en revitalisant les terres avec des intrants organiques, notamment la production et l’utilisation de biofertilisants», a insisté la présidente de Nss, par ailleurs coordinatrice du Centre agroécologique de Niaguis.

Le thème de la 3e édition du Camp international de formation sur les pratiques agroécologiques suit une logique du mouvement Nss. La première édition avait porté sur les techniques de production des biofertilisants, la deuxième sur les techniques de production des semences horticoles et la troisième sur la production et l’utilisation de bioprotecteurs. «En agriculture, si vous avez la terre, les semences et l’eau, vous faites souvent face aux ennemis des cultures qui, pour nous, ne sont pas véritablement des ennemis, car ils font partie de l’environnement. Et il faudrait essayer de voir comment les protéger, car ils servent quelque part à réguler l’environnement», explique Mamadou Danfakha. En agroécologie, poursuit le coordonnateur de Nss, «jusque dans la mesure du possible, on n’utilise pas de produits qui tuent. Mais nous utilisons plutôt des produits qui repoussent les ennemis des cultures. La formation a été axée sur la production et l’utilisation des bioprotecteurs qu’on peut utiliser en agroécologie pour pouvoir faire face à ces ennemis des cultures».

L’idéal pour ces acteurs est de vivre dans la nature avec toute sa biodiversité, y compris les insectes, champignons, ravageurs… «On essaie de voir comment les traiter, mais dans un premier temps, comment les prévenir. C’est ce qu’on appelle les traitements préventifs. Tout cela est fait sur la base des bonnes pratiques agricoles. Il est aussi intéressant de développer la biodiversité pour pouvoir piéger les ennemis des cultures», indique M. Danfakha.

La centaine de participants sont venus de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Ghana, du Mali, de la Guinée-Bissau, de la Gambie, de la République de Guinée et du Sénégal. Ils viennent de 14 associations de femmes rurales leaders membres de Nss.
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