Dans la lutte contre la migration irrégulière, l’Italie a décidé de financer à hauteur de 2, 6 milliards F Cfa, les jeunes pour les fixer dans leur terroir.Par Justin GOMIS –

«Promouvoir la migration intrarégionale de main-d’œuvre pour le développement local dans les pays d’Afrique.» Telle est la volonté du gouvernement italien à travers son Agence pour la coopération au développement (Aics), en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim). Ces deux parties ont signé jeudi une convention pour un projet intitulé : «Promotion de la migration intrarégionale de la main-d’œuvre pour le développement local dans les pays d’Afrique». Ce projet fait suite aux deux initiatives précédentes, à savoir «Rassembler les jeunes, la diaspora et les autorités locales pour une approche intégrée visant à promouvoir l’emploi et à lutter contre la migration irrégulière en Gambie, en Guinée et en Guinée-Bissau» et «Soutien au développement économique local en Gambie, en Guinée et en Guinée-Bissau», et qui ne concernaient pas le Sénégal, qui vient d’être inclus dans cette dimension de l’Afrique de l’Ouest.

En fait, ce projet, qui va durer trois ans et qui sera financé à hauteur de 2, 6 milliards F Cfa (4 millions d’euros), ambitionne de consolider le développement socio-économique et la mobilité des jeunes dans les régions rurales et frontières de la Gambie, du Sénégal, de la Guinée Conakry et de la Guinée-Bissau. L’objectif visé est d’encourager une mobilité sûre, ordonnée et régulière à la fois intra et transfrontalière, tout en équilibrant l’offre et la demande de travail pour soutenir l’emploi des jeunes et la génération de revenus. «Nous cherchons à offrir des opportunités d’emplois, surtout aux jeunes des zones rurales et des zones frontalières de quatre pays : le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry et la Gambie», a indiqué Giovanni De Vita, ambassadeur d’Italie au Sénégal. D’après le diplomate, ce projet permet de lutter contre la migration irrégulière. «Nous sommes tout à fait en faveur de la migration régulière, que ce soit vers l’Italie, vers l’Europe ou que ce soit au niveau régional, sur la base des lois et conventions qui unissent les pays de l’Afrique. Nous essayons de lutter contre les causes de l’immigration irrégulière. Ce projet veut être une contribution dans ce sens. Nous voulons éviter que les jeunes n’aient pas d’opportunités de travail, de formation, de qualification, d’accès au marché du travail et qu’ils soient victimes des réseaux de trafiquants», a-t-il expliqué.
Avant d’indiquer la volonté de son pays de soutenir la migration régulière en utilisant les voies de la migration légale. Car le plus grand défi auquel l’Italie et les autres pays font face, c’est la question de la migration irrégulière. Et c’est dans ce sens qu’ils sont convaincus qu’en offrant des opportunités de travail, des qualifications professionnelles aux jeunes, cela permettra une mobilité légale et faire face aux causes profondes de la migration. Selon Christopher Gascon, Directeur régional de l’Oim en Afrique de l’Ouest et du Centre, «c’est un projet pour le développement des capacités des jeunes, afin de les aider à trouver des possibilités d’emplois, améliorer leurs conditions de vie, les conditions avec le secteur privé et le gouvernement, pour avoir une base qui permette aux jeunes d’avoir un avenir radieux». A l’en croire, «ce projet cible la jeunesse ouest-africaine afin de mieux l’équiper, pour lui permettre de devenir acteur dynamique dans la transformation économique de développement et d’intégration régionale». Tout en renforçant les capacités des jeunes à travers des ateliers de formation ciblant les autorités nationales et locales, elle veut les outiller pour répondre aux efforts multidimensionnels de la migration et améliorer les moyens de subsistance, tout en favorisant leur accès aux emplois viables localement. «Plus de 1200 jeunes ont reçu des formations professionnelles et plus de 400 ont bénéficié des activités génératrices de revenus», a-t-il annoncé.

Une démarche fortement appréciée par les partenaires. «Nous apprécions l’intervention du gouvernement italien à travers ce projet. L’émigration est un défi pour nous en Gambie. Nous recevons tous les projets qui nous aident à relever ce défi. C’est une solution pour relever nos économies. Nous apprécions votre intervention et nous sommes prêts en Gambie à travailler avec vous», a déclaré son Excellence Adramé Sidibé, ambassadeur de la Gambie au Sénégal.

Abondant dans le même sens, le ministre-conseiller à la Présidence de la Guinée-Bissau ne s’est pas privé de remercier le gouvernement italien et l’Oim pour ces projets dont ils ont tant besoin pour lutter contre la migration irrégulière. «Nous sommes en train d’assister à une certaine tragédie concernant les jeunes qui s’adonnent à une émigration irrégulière. Nous avons besoin de projets de ce genre non seulement pour pouvoir fixer les jeunes sur place, mais aussi les aider à parfaire leur formation et à participer au développement local et national», a dit à son tour Aïssatou Tègne Diouf, Conseillère technique au niveau du ministère chargé des Sénégalais de l’extérieur. «Nous nous engageons à tout faire pour accompagner le projet et que les jeunes des pays concernés soient porteurs de projets et qu’ils soient davantage des vecteurs de projets», promet-elle.
justin@lequotidien.sn