Selon les projections, 85% des emplois de 2030 n’existent même pas encore. L’intelligence artificielle qui est déjà à l’œuvre dans plusieurs domaines de la vie de tous les jours aura pris le relais, mais avec son système éducatif jugé «obsolète» par le Pr Abdallah Cissé, le Sénégal a encore des obstacles à franchir.

Dans un futur pas très lointain, les opérations chirurgicales seront assurées par des robots. Les travailleurs laisseront la place à des entités artificielles et beaucoup d’emplois vont disparaître au profit de systèmes informatisés. Selon les projections, 85% des emplois de 2030 n’existent même pas encore. A l’occasion de la 4e édition du Gaïndé challenge, organisé par Gaïndé 2000, la question de l’intelligence artificielle et des générations futures d’emplois a été largement débattue au cours d’un panel. Si l’échéance est proche, il semble que le système éducatif sénégalais n’a pas encore intégré ces nouveaux paradigmes. Pour l’ancien recteur de l’Université Alioune Diop de Bambey, Pr Abdallah Cissé, c’est le système éducatif sénégalais qui est en cause. «Le problème, c’est le système éducatif qui est obsolète», estime le Professeur Cissé qui souligne que les sources du mal sont à chercher encore plus loin. «Notre cerveau a été atteint par l’esclavage et la colonisation. Et ces atteintes ont été perpétuées.» Il explique que notre cerveau est composé de trois parties. La partie reptilienne est ce que nous partageons avec les animaux. Le cerveau limbique qui est le siège des émotions et de la mémoire et le plus important, le néo cortex qui occupe 80%. «C’est le siège de l’intelligence, de la raison et de la créativité. Le système actuel utilise la mémoire. On prend des informations et on vous (les étudiants) oblige à les réciter pour avoir vos diplômes. Quand vous formez des générations et des générations en utilisant 20% de leur cerveau, ils ne créent rien», conclut l’universitaire devant une assistance composée en majorité de jeunes étudiants des 8 écoles en compétition dans le cadre de cette Start-up challenge.
Pour Mme Regina Mbodji du Ctic, «le potentiel existe. Les jeunes sont bien formés et créatifs, mais ils manquent de soutien». Elle souligne que l’absence de fonds alloués à la recherche et à l’innovation dessert le secteur.
L’intelligence artificielle est ici définie comme l’ensemble des théories et techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence. Ses applications sont visibles dans plusieurs domaines comme la santé, le transport ou la sécurité.
Selon Pr Amadou Thierno Gaye du ministère de l’Ensei­gnement supérieur, des initiatives sont en cours pour réussir cette transformation digitale avec des ressources humaines bien formées. Il indique qu’il y a trois semaines, des centaines d’universitaires se sont réunis pour travailler à la mise en place de Master mutualisés autour de branches scientifiques pointues comme l’intelligence artificielle, la robotique, la cyber-sécurité ou encore le génie moléculaire et le Big data. L’objectif étant, dans 5 ans, de faire sortir une cinquantaine de jeunes diplômés dans ces domaines et qui puissent se lancer dans l’entreprenariat. Cette stratégie qui consiste à pousser les jeunes vers l’entreprenariat doit être le rôle non seulement de l’Etat, mais aussi du secteur privé, souligne Mme Rokhaya Solange Ndir de la Sonatel.
Au terme de la table ronde, ce sont les étudiants de l’Institut supérieur de management (Ism) et ceux de l’Institut privé de gestion (Ipg) qui se sont adjugés le million de francs mis en jeu pour les deux équipes finalistes, comme appui à la création d’entreprise ainsi que l’incubation au sein de Gaïndé 2000 qui donne accès à des contrats de sous-traitance pour ces nouvelles start-up.
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